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cette pièce à Ed. Rodrigues (nous parlons dans le prochain chapitre de la correspondance amicale de George Sand avec Ed. Rodrigues qui ne fait point partie des six volumes de sa Correspondance imprimée) :

28 novembre 1862.

Je viens de traduire en français une traduction en vilain français du Plutus d’Aristophane et j’y ai mis une fable, une sauce dans la couleur, pour en faire une de ces pièces de fantaisie que nous jouons ici en famille. C’est assez curieux à la lecture et je le publierai[1]. On y voit, dans tout ce qui est réellement d’Aristophane, une poésie terre-à-terre, toute de bon sens pratique et dans le goût du stoïcisme antique mitigé, qui est fort curieuse et toujours acceptable, par beaucoup d’endroits. Pourtant cela est suranné et va trop loin, dans le sens de la proscription des richesses. Il ne serait pas bon que l’homme actuel se condamnât à ne pas sortir de la possession du strict nécessaire. Les arts et les sciences n’y gagneraient pas et la civihsation se trouverait fort entravée. C’est ce que j’ai fait entendre dans un prologue de ma façon[2].

Il faut dire en général que le temps fut plus implacable envers les pièces de George Sand qu’envers ses romans : elles ont beaucoup plus vieilli. Et pourtant, au moment de leur apparition sur la scène, eUes excitaient souvent par leur « audace » des horions, et Mme Sand dut mainte fois défendre cette « audace » dans ses Préfaces et entrer en polémique ouverte avec MM. les critiques. Cela eut lieu comme nous avons vu à propos du Démon du foyer, lorsque le critique de l’Indépendance belge, Jules Lecomte, déchaîna ses foudres contre elle ; ce fut la même chose à propos de Maître Favilla, critiqué à outrance par Jules Janin, ainsi que toutes les autres pièces de George Sand. Or, George Sand voulait bien admettre avec sa modestie habituelle[3]

  1. Plutus fut en effet publié dans le numéro du 1" janvier 1863 de la Revue des Deux Mondes.
  2. Lettre du 28 novembre 1862 (Revue de Paris du 1er octobre 1899).
  3. Il est très intéressant de lire à ce propos sa lettre du 23 août 1859 à Bocage, imprimée dans le recueil des Lettres autographes composant la collection de M. Alfred Bovet, décrites par Étienne Charavay, ouvrage imprimé sous la direction de Fernand Calmettes. (Paris, Charavay, 1882, in-4"). À