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un document important et de vieilles lettres jaunies, pour réintégrer dans ses droits la vertu opprimée et confondre les criminels. Il va sans dire aussi qu’Hamlet — pardon ! l’impresario des marionnettes, a, comme cela est de rigueur pour tout honnête héros du répertoire des marionnettes, une dizaine de noms ; il s’appelle tour à tour, Cristiano Goffredi, puis Cristiano del Lago, puis Monsieur Dulac, Christian Waldo, Christian Goeflé, etc., etc., tandis qu’il se trouve définitivement être le baron Adelstan-Christian Waldemora, neveu du baron criminel Olai, héritier du château de Stelleborg et l’involontaire vengeur de la mort de sa mère, de son père et de son grand-père.

Il va sans dire encore qu’on ne nous fait pas grâce d’un bravo italien poursuivant le jeune Christian à travers toute l’Europe, ni de portes cachées dans la boiserie des murs, etc., etc., etc. Mais ainsi que dans les pièces du répertoire des marionnettes, auxquelles George Sand avait emprunté le canevas archi-embrouillé et naïf de son roman, les affaires n’arrivent jamais très vite à bonne fin. Même après la mort du glacial baron Olai surnommé l’Homme de Neige, et déjà fiancé à l’intrépide jeune comtesse Marguerite, le héros doit subir encore une série d’épreuves et d’aventures. Il chemine vers les contrées septentrionales, voyage en Laponie et jusqu’à Arkhangel, mène la ve d’un pêcheur de poisson et d’un chasseur de fauves, puis devient ouvrier mineur dans les mines de Boraa, manque d’y périr, mais il y rencontre sa fiancée, venue pour visiter ces mines, et finalement il y apprend de la bouche du bienfaisant avocat que le roi a jugé son procès en sa faveur. C’est ainsi que Waldo devient riche et titré et n’a plus à se préoccuper que de pouvoir, un jour, jouer les pièces de marionnettes, pour son propre plaisir et celui de ses enfants. Ce rêve de Christian Waldo fut un jour réalisé par celui qui servit de modèle à Mme Sand.

Les spectacles des marionnettes de Nohant expliquent seuls qu’en 1859, alors que les romans de Balzac, de Flaubert et d’autres réalistes couraient le monde, George Sand, après avoir écrit d’aussi simples histoires que celles de Germain le fin laboureur et de la Petite Fadette, et l’Histoire de ma vie, si vraie, si pleine de