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Puis, en lisant l’article de George Sand Sur les marionnettes de Maurice Sand (publié peu avant la mort de l’écrivain dans le Temps, réimprimé dans le volume des Dernières pages), on peut étudier toute la genèse de ce petit théâtre.

George Sand consacra en outre tout un roman aux aventures d’un imprésario d’un théâtre de marionnettes. C’est l’Homme de Neige, un des romans les plus romanesques de George Sand, qui, avec le Diable aux champs, est un document des plus précieux pour reconstruire l’histoire de cette seconde époque du règne de la passion théâtrale à Nohant, l’époque du théâtre de Guignol, comme le Château des Désertes est un document à l’aide duquel on peut aisément étudier la première et la troisième période de cette passion, celles de la commedia dell’arte.

Qu’aurait fait Hamlet si, au lieu d’une troupe d’acteurs ambulants, il n’avait eu à sa disposition qu’un montreur de marionnettes ? Il aurait probablement profité, pour arriver à ses fins, du secours de ces petits bonshommes de bois. Imaginez maintenant qu’Hamlet lui-même est cet imprésario de marionnettes. Un oncle criminel s’est emparé de son héritage, a tué non seulement son père, mais aussi son grand-père ; il a contribué à faire dépérir sa mère et tenté enfin de tuer Hamlet lui-même dans son enfance. Le malheureux petit a été enlevé du château de ses pères, emmené en Italie, élevé là par un vertueux archéologue et par sa femme. Il se montra à l’instar de Maurice Sand sans goût pour les humanités, ennemi de toutes les études suivies, mais passionné d’histoire naturelle et de collections de toutes sortes. Il devient imprésario de guignol ambulant, voyage à travers toute l’Europe et finalement, par la volonté du sort et de l’auteur, arrive en Dalécarlie dans le château de l’oncle meurtrier pour y donner ses représentations de pupazzi devant me foule d’invités, venus pour y passer les fêtes de Noël. Bien entendu tout cela ne s’effectue pas sans le secours d’un « vieux serviteur », le vertueux Stenson, d’une somnambule, ancienne confidente de feu la mère du malheureux enfant, la paysanne Karina, d’un mystérieux juif Manassé, toujours présent dès qu’on a besoin de lui, et enfin d’un avocat spirituel qui découvre, juste au moment nécessaire,