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Elle était en outre préoccupée et fort inquiète de ses affaires pécuniaires.

Il lui fallait venir à bout des difficultés que lui avaient créés Solange et son mari, se mettre en mesure de satisfaire leurs créanciers, sauver de la vente l’hôtel de Narbonne ; puis, pourvoir au cautionnement de Bertholdi et pour cela endosser de nouvelles dettes et une nouvelle responsabilité vis-à-vis des amis qui trouvèrent de l’argent pour elle[1], escompter des lettres de change, en payer d’autres, et tout cela au milieu de la crise financière générale. Et pour comble d’ennuis, la Société des Gens de lettres intenta et gagna contre George Sand un procès à propos de l’édition de la Mare au Diable. C’est Chaix d’Est-Ange qui plaida pour Mme Sand, dans la seconde moitié de ce procès qui dura plus de deux ans, jusqu’au 20 juillet 1849 et ne donna à George Sand que des ennuis. Ce procès lui coûta beaucoup d’argent, et il y eut même un moment où elle fut menacée de la vente de tout son mobilier de Paris et de Nohant. C’est pour cela qu’une grande partie de ses lettres inédites de 1848 sont, à côté des questions politiques, remplies de questions financières.

Ce sont encore ces questions qui la préoccupaient surtout dans les deux premières décades de février, lorsqu’elle s’ennuyait seule à Nohant, tandis que Maurice prolongeait, plus qu’elle n’avait compté, son séjour à Paris au milieu des réjouissances du carnaval. Et dans ses lettres George Sand lui parle surtout de son procès avec la Société et d’autres questions non moins fastidieuses ; elle ne fait allusion aux événements déjà très avancés, et aux hommes politiques que très légèrement, ce qui prouve qu’elle ne se rendait nul compte de la gravité de l’heure.

Et là-dessus éclatèrent les journées de Février.

Dans l’une des pages non brûlées de son Journal de 1848[2] (en

  1. Charles Duvemet, sa femme et Gabriel Planet lui étaient venus en aide en cette affaire.
  2. Nous devons à l’amitié de notre inoubliable amie, Mme Lina Sand, d’avoir pu copier sur l’autographe le Journal de 1848 et le Journal du coup