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déserte, extrait publié dans le Magasin pittaresgue. (Nous en parlons au chap. xi.)

Favilla est donc un vrai personnage de Hoffmann, une espèce de Kreyssler, un artiste avant uniquement dans le monde de l’harmonie et du rêve ; dans la vie pratique c’est un grand enfant, généreux, désintéressé, mais toujours distrait et bizarre et que l’on prend volontiers pour un fou. C’est cette distraction qui, dans la pièce, est la cause des malheurs de Favilla et de toute sa famille : son vieil ami mourant, le baron de Muhldorf lui enjoint de vive voix de garder dans sa baronnie l’ordre de choses et le train qu’on y menait de son vivant, et surtout de secourir toujours les inférieurs, de venir en aide aux indigents ; et dans son testament écrit, il lui lègue toute la fortune des Muhldorf. Favilla, qui adoucit les derniers moments de son ami en lui jouant une cantate de Haendel, brûle par distraction ce testament. Il en résulte que le neveu du baron (qui n’avait point d’enfants), le commerçant Keller, se considère comme l’héritier de la fortune des Muhldorf ; c’est ce que pensent aussi tous les autres. Or, Favilla parle et agit en seigneur et maître de la baronnie. De là, une série de malentendus, tantôt comiques, tantôt tragiques et qui causent le malheur des enfants de Favilla et de Keller, Marguerite et Hermann : le vieux Keller défend à ce dernier d’épouser cette jeune fille, à son dire, la fille d’un violoniste italien, mendiant et fou. Et voilà qu’au moment, où, voulant exécuter à l’anniversaire de la mort du baron la même cantate de Haendel et se mettant à la même place où il se tenait alors, Favilla, comme cela arrive souvent à chacun de nous, se souvient tout à coup comment, dans un accès de douleur, il a allumé le papier timbré à une bougie, puis l’a jeté dans la cheminée et laissé brûler. C’est ainsi que l’existence bien réelle du testament est prouvée et qu’on reconnaît que ce n’est pas lui, Favilla, qui se trouve être hébergé au château de Keller, mais bien Keller chez lui. Ce dernier, s’ennuyant déjà à la campagne, se dispose à revenir à ses boutiques, et les jeunes gens se marient. La scène mimique finale, lorsque, aux sons d’un orchestre invisible jouant la cantate de Haendel, Favilla prend son violon et, se mettant à l’an-