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à l’aide d’Emmanuel Arago, elle fut enfin acceptée par Véron et insérée dans le Constitutionnel, à la date du 7 février 1848.

George Sand s’empressa de l’annoncer à Mazzini. La lettre est inédite.


Février 1848.

Enfin, mon ami, j’ai la satisfaction d’avoir pu publier votre lettre en France, et je prie M. Accursi de vous envoyer le journal et l’article de mon ami Borie, paru longtemps avant le mien : j’ai déjà reçu, avant même que votre lettre soit publiée par le Constitutionnel, des remerciements de plusieurs personnes de Paris, pour leur avoir fait lire ce noble écrit qui a toutes leurs sympathies et toute leur adhésion.

C’est moi qui ai à vous remercier pour cette belle préface que vous avez faite aux Lettres d’un voyageur. Votre cœur vous inspire et, je vous le répète, ennuyée comme je le suis des éloges autant que des critiques des faiseurs de jugements, je n’ai de plaisir et d’encouragement vrai que quand c’est vous qui me jugez et me consolez.

Que dites-vous des événements de Naples et de Sicile ? C’est un grand pas de fait, peut-être, mais c’est le régime constitutionnel à la place du despotique, et en France, nous avons l’expérience du juste milieu. Nous savons que les hommes s’y corrompent davantage, et qu’il vaut mieux souffrir en commun que d’être à l’aise chacun chez soi[1]. Si le peuple fatigué d’un grand effort se repose comme nous pendant vingt ans, nos idées seront bien loin ! Et puis les Débats donnent la main à cette révolution, ce n’est pas bon signe.

Adieu, cher et noble ami. À vous de toute mon âme.

George.

George Sand passa donc les mois de décembre 1847 et de janvier 1848 à Nohant, travaillant à l’Histoire de ma vie, à l’édition de Rabelais « expurgée de ses obscénités », et enfin à cette traduction de la Lettre au Pape.

  1. Intéressant à confronter avec ce que nous avons dit dans le vol. III à propos de Piccinino et avec les citations de ce roman que nous y dormons. À confronter aussi avec le passage soi-disant de la lettre du 18 février à Maurice Sand, imprimée à la page 3 du tome III de la Correspondance, et qui est, en réalité, du 7 février 1848 : « Au reste, l’Italie est sens dessus dessous… Seulement, tout ce qu’ils y gagneront, c’est de passer du gouvernement despotique au gouvernement constitutionnel, de la brutalité à la corruption », etc.