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Enfin le grand et le petit théâtre de Nohant, en ramenant George Sand à l’art dramatique, apportèrent de grands changements même dans sa vie. Il fallut faire des démarches pour placer les pièces, aller à Paris, assister aux répétitions, élargir le cercle de ses connaissances, fréquenter le monde artistique. Les observations qu’elle y fit engendrèrent une série de romans, dont les héros appartiennent à ce monde des tréteaux, tels sont : Pierre qui roule et le Beau Laurence, Adriani, Narcisse, etc., etc.

En 1851 Mme Sand fit une surprise à son fils : en son absence on reconstruisit la salle de spectacle. À son retour, Maurice trouva une vraie scène de théâtre parfaitement aménagée. Mme Sand en parle ainsi dans sa lettre du 24 février à Augustine de Bertholdi :

Oui, le théâtre a épaté Maurice. Il est arrivé le matin, il y a environ trois semaines. Le théâtre était fermé. Le soir je lui ai bandé les yeux et je l’ai conduit dans le billard. Il a vu la toile se lever, le décor de Claudie en place, tout bien propre, bien éclairé. Tu juges de sa surprise. On a joué deux fois seulement, depuis son retour. Je ne laisse jouer que tous les quinze jours, parce qu’après tout, il faut travailler. Hier a été une représentation splendide. Une pièce dans le goût des Pilules du Diable, moitié parlée, moitié pantomimée, avec des surprises, des diables, des pétards à chaque scène. Il y avait soixante personnes au public. Ça pirouettait un peu, mais on criait, on trépignait, et les acteurs étaient électrisés…

Le 28 avril Mme Sand écrit à la même correspondante :

Nous allons jouer ma dernière pièce[1]. Ah ! comme tu nous serais nécessaire ! Me voilà condamnée à faire les jeunes premières, la figure va encore quand je suis bien plâtrée, mais c’est un obstacle invincible pour moi de me persuader que je suis jeune, et ne me sentant pas la personne que je représente, je ne peux pas bien jouer. C’est au mois d’août que tu nous viens, n’est-ce pas ? Va-t-on s’en donner !…

Le 19 juillet Mme Sand annonce qu’elle est libérée de la nécessité de remplacer Augustine dans ces rôles qui lui conviennent si peu : ils sont désormais joués par une certaine Mlle Souchois,

  1. C’était Nello, la première version de Maître Favilla.