Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

car, à l’encontre de presque toutes les œuvres dramatiques tirées de romans, généralement inférieures aux livres, cette comédie nous paraît, sous certains rapports, mieux composée que le roman. Quoique beaucoup de pages charmantes et de fines analyses psychologiques y manquent forcément, — ainsi toutes celles qui nous peignent la confusion et l’émoi de François devant l’amour qui l’envahit et qu’il ignorait, — mais l’action est serrée, et ne souffre pas des illogismes qui choquent le lecteur du roman. Elle s’engage au moment du retour de François, déjà adulte, dans la maison de Madeleine Blanchet, devenue veuve, malade et ruinée par sa rivale. Ceci supprime cette situation si déplaisante de l’enfant qui disait « ma mère » à celle qui le portait dans ses bras, devint amoureux d’elle, en fut aimé et l’épousa.

Revenue dans son Berry, encouragée par le succès du Champi et inspirée par l’atmosphère théâtrale qui l’entourait alors dans sa vieille maison de Nohant, Mme Sand se mit à écrire toute une série de pièces. Ce furent d’abord des comédies champêtres, genre qui avait paru si attrayant au public de la Comédie-Française. Puis elle se tourna vers la « comédie de mœurs » et même vers ce qu’on appelle les « pièces à thèse ».

Les années 1849-1851 doivent être considérées comme le temps où Mme Sand se tourna d’une manière très marquée vers la littérature dramatique. L’art dramatique sous toutes ses formes règne alors en autocrate à Nohant ; comédies après drames, drames après comédies s’entassaient sur le bureau de George Sand ; dans la salle voûtée du rez-de-chaussée, dite la salle du prieuré, la commedia dell’ arte succédait aux représentations de pièces apprises par cœur, ou aux spectacles des marionnettes. On s’y prépare toute la journée, on coud les costumes, on peint les décors, on fabrique avec du papier doré et de la colle des armures magnifiques ; à déjeuner et à dîner on discute les scénarios, on se dispute à propos du caractère de certain rôle.

En écrivant le Roi attend George Sand s’était souvenue de certains épisodes dramatiques de la vie de Molière. Elle écrivit pour les spectacles de Nohant une pièce tirée de la biographie de ce père du Théâtre français, et lui donna pour titre l’ana-