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part, elle craignait de mécontenter ses vrais amis, pour lesquels elle intercédait. Les « inexactitudes » que nous pouvons signaler dans cette lettre sont celles-ci. D’abord, quoiqu’il soit vrai que depuis quinze ans elle n’ait eu de relations suivies avec M. de Persigny, — dont elle fit la connaissance en 1835 par Mme Rozane Bourgoing, — nous n’en voyons pas moins par ses lettres à René de Villeneuve qu’elle avait reçu chez elle « Fialin de Persigny quand il conspirait contre le prince »[1].

2° Ses relations avec le prince ne « dataient pas du temps de sa captivité » de Ham, car dans sa première lettre, là-bas adressée, elle le remerciait déjà pour « son bon souvenir ».

3° Si M. de Persigny n’était point encore ministre avant le 15 janvier, il est évident qu’il était déjà un personnage omnipotent et c’est pour cela qu’elle s’adressa à lui non seulement pour les « familles désolées », mais encore pour rendre un service direct à « son maire », M. Aulard. De même, elle contribua à faire nommer le fils du vieux procureur Daiguzon — de celui qui avait prononcé les « conclusions » lors de son procès avec M. Dudevant en 1836, — substitut de procureur à La Châtre (comme nous le voyons par une lettre de remerciements qui lui fut adressée par Daiguzon père). Elle prit aussi sous ses auspices… le préfet de l’Indre, des « auspices peu propices », car quoiqu’elle dise dans sa lettre à M. Maupas qu’elle « ne nommerait personne » parmi les trop fervents représentants locaux du pouvoir, elle n’en réussit pas moins à si bien esquisser le portrait du « Grand Lama » du pays que M. de Persigny ne tarda pas à l’appeler « bête » et « animal ».

4° Lumet, ainsi que Fulbert Martin et Alexandre Lambert — nommé par le Journal de la Cour, — furent arrêtés avant le 15 janvier. Mme Sand avait déjà entendu parler de l’arrestation de Lumet le 6 décembre[2]. Martin était détenu depuis le 21 décembre[3]. Donc, George Sand avait bien pu faire des démarches

  1. Voir plus haut, p. 178.
  2. Journal de 1861, samedi, 6 décembre.
  3. Lettre inédite de Fulbert Martin à Bocage, datée du 11 février 1852 du fort de Bicêtre.