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internés en Afrique, ou des exilés en Belgique ou en Angleterre. Elle écrivait des lettres aux généraux commandant les troupes d’Afrique, aux gouverneurs des places fortes ; elle envoyait de l’argent aux expatriés ; elle tâchait de ne pas laisser les pauvres exilés sans nouvelles de leurs familles ; elle soutenait ces dernières, enfin elle faisait, ici encore, preuve de cette infime chanté active, de cet amour actif qui lui était propre dès l’enfance et dura jusqu’à la tombe. Cette pitié divine qui brûlait en elle subjuguait et charmait tous ceux à qui elle s’adressait. De sorte que si une partie des réponses officielles à ses demandes d’audience, à ses mémoires et suppliques, ne témoignent que d’une correction respectueuse et de la bonne éducation de ses correspondants, une foule d’autres lettres nous montrent quelle admiration infinie, quel enthousiasme éveillait Mme Sand chez ceux pour qui elle faisait ces démarches, tout autant que chez ceux auprès de qui et par qui elle les faisait. Il est à noter, incidemment, que plus ses correspondants sont haut placés : le prince, les ministres, les chefs de cabinet ou commandants de maison militaire, et les intimes amis de Napoléon : MM. Abbatucci et de Montaud, le vicomte Clary et M. Vieillard, — intime entre tous — les généraux Roguet et Baraguay d’Hilliers — et plus leurs lettres, toutes personnelles, sont affables, affectueuses même ; ils prient Mme Sand d’agréer l’expression de leur « admiration affectueuse », ou de leur « sincère admiration » ; ils lui parlent « d’un et même sentiment » dans lequel ils « confondent l’auteur et ses ouvrages ». Les hauts fonctionnâmes et les secrétaires privés des ministres sont déjà tant soit peu plus réservés et plus secs ; les préfets et les sous-préfets sont non seulement parfaitement et officiellement raides, mais parfois même d’une impolitesse tout olympienne. C’est ainsi que Napoléon et M. de Persigny, le ministre de la Guerre et le comte Roguet « s’empressent » de lui accuser réception de la lettre qu’elle c leur fît l’honneur de leur adresser », lui déclarant être « charmés de la recevoir tel jour de la semaine qu’il lui plaira de vouloir fixer » et se disent «heureux de pouvoir lui rendre service », — tandis qu’un préfet lui écrit : « Je consens volontiers à vous accorder le quart d’heure d’audience