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à la misère avec trois enfants, malade elle-même, mais muette et résignée, est loin de croire que j’oserai vous faii-e lire ses fautes d’orthographe. Moi, je ne voulais plus vous importuner ; mais, quand j’ai vu qu’il s’agissait de la peine de mort, et nullement des malheurs de mon parti vaincu, j’ai senti qu’un moment d’hésitation m’ôterait le peu de sommeil qui me reste.

Je n’ai pas pu refuser non plus de vous présenter la supplique du malheureux Émile Rogat, qui m’a été remise en l’absence et de la part du prince Napoléon-Jérôme.

C’est ce prince qui m’avait dit, au moment où, pour la première fois, j’allais vous aborder en tremblant : « Oh ! pour bon, il l’est. Ayez confiance ! » C’était un encouragement si bien fondé, que je lui en dois de la gratitude. Et, à propos de la triple grâce que vous m’avez accordée, je voudrais vous dire quelque chose qui vous intéressera et vous satisfera, j’en suis bien sûre. J’en ai même plusieurs à vous dire, c’est mon devoir, et, cette fois, je n’aurai pas à vous demander pardon de vous les avoir dites. Quand vous aurez un instant à perdre, comme on dit dans le monde, accordez-le-moi, vous me trouverez toujours prête à en profiter avec une vive reconnaissance.

George Sand.

Noms des condamnés à mort : Duchauffour, Lucas (Jean-César), Mondange, Guillemin, soldats au 3e régiment de chasseurs d’Afrique.

Maison

du président de la république

SERVICE DE l’aide DE CAMP.
Palais de l’Élysée,
le 13 février 1852.
Madame,

J’ai remis au prince président de la Répubhque la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser le 12 février…

Le général de division aide de camp,
Signé : Roguet.
Au prince Louis-Napoléon Bonaparte.
Paris, 20 février 1852.
Prince,

J’étais bien résolue à ne plus vous importuner, mais votre bienveillance m’y contraint, et il faut que je vous remercie du fond du cœur. M. Emile Rogat est en liberté, MM. Dufraisse et Greppo sont à l’étranger, et les quatre malheureux soldats dont je me suis permis de