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Patureau-Francour, vigneron à Châteauroux (bonhomme dont quelques fous voulaient faire un président de la république). Alphonse (sic !) Lambert (mourant).

Desmousseaux de Ch[âteauroux], Valette charpentier à Ch[âteauroux] (suspect pour avoir refusé de dresser la guillotine pour un criminel, six mois avant les événements, peu ou point républicain que je sache), Lumet, ngneron à Issoudun.

À cette même date elle envoyait aussi sa seconde lettre[1] au prince président :


Paris, 3 février 1852.
Prince,

Dans une entrevue où l’embarras et l’émotion m’ont rendue plus prolixe que je ne me l’étais imposé, j’ai obtenu de vous des paroles de bonté qu’où n’oublie pas. Vous avez bien voulu me dire : « Demandez-moi telle grâce particulière que vous voudrez. »

J’ai eu l’honneur de vous répondre que je n’étais autorisée par personne à vous implorer. Je n’avais xu personne à Paris, vous étiez ma première visite…

Elle lui dit ensuite que dans sa profanée aucun fait d’insurrection n’a eu lieu et que, si elle, George Sand, a toujours été sans inquiétudes pour le sort de ses compatriotes, croyant impossibles des poursuites contre les pensées, elle est absolument rassurée depuis son entrevue avec le président, puis elle continue :

Mais, si je me flatte dans l’espoir d’obtenir aisément l’absolution pour des hommes qu’aucune décision n’a encore atteints, je ne suis pas sans effroi pour ceux sur le sort desquels il a été statué ailleurs d’une manière rigoureuse. J’en ai vu deux aujourd’hui que je sais complètement innocents, si c’est le fait de conspiration que l’on veut châtier, si ce n’est pas l’opinion… chose impossible, inouïe dans nos mœurs, dans les idées de notre génération, impossible cent fois dans le cœur du prince Louis-Napoléon. Je les ai trouvés résignés à leur sort et croyant, grâce au système excessif que vous venez de réprimer, à cette chose monstrueuse qu’ils étaient frappes pour leurs principes et non pour leurs actes. J’ai repoussé vivement cette supposition,

  1. Correspondance, t. III, p. 282.