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George Sand, Elle est écrite sur papier simple, à tranche dorée, et porte la date du 22 janvier 1851 {sic.’) ce qui est certainement une erreur de l’auguste correspondant :


À George Sand.
Élysée national, le 22 janvier 1851 (1852).
Madame,

Je serai charmé de vous recevoir tel jour de la semaine prochaine qu’il vous plaira de fixer, vers trois heures.

Recevez, madame, l’assurance de mes sentiments distingués,

Louis-Napoléon B.

En se rendant à cette première entrevue avec le prince, dans la crainte que, faute de temps et empêchée par l’émotion, elle ne pût exprimer de vive voix tout ce qu’elle croyait nécessaire, Mme Sand avait préparé une lettre afin de la remettre au prince, espérant par sa plume faire appel aux bons sentiments de celui qui lui avait paru d’abord être l’élu de la Providence et bientôt ne lui sembla qu’une victime des circonstances, mais non cette espèce de « traître » de mélodrame que les tribuns républicains, ses amis, se plaisaient à décrire. Cette lettre imprimée dans le volume III de la Correspondance y porte la date problématique du 20 janvier[1]. Il nous semble que c’est le 30 qu’on devrait lire, et le lecteur s’en convaincra bientôt lui-même.


Prince,

Je vous ai demandé une audience ; mais, absorbé comme vous l’êtes par de grands travaux et d’immenses intérêts, j’ai peu d’espoir d’être exaucée…

Je ne suis pas Mme de Staël. Je n’ai ni son génie ni l’orgueil qu’elle mit à lutter contre la double face du génie et de la puissance. Mon âme, plus brisée ou plus craintive, vient à vous sans ostentation et sans raideur, sans hostilité secrète ; car, s’il en était ainsi, je m’exilerais moi-même de votre présence et n’irais pas vous conjurer de m’entendre. Je viens pourtant faire auprès de vous une démarche bien

  1. Correspondance, vol. III, p. 262.