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autre ascendant que celui des faits[1]. Vous le savez[2] maintenant que le calme du malheur vous a rendu toute [votre sagesse, toute] votre grandeur naturelle, et vous aspirez, dit-on, à n’être qu’un citoyen français ; c’est un assez beau[3] rôle pour qui sait le comprendre ; vos préoccupations et vos écrits prouvent que nous am-ions en vous un grand citoyen, si les ressentiments de la lutte pouvaient s’éteindre et si le règne de la liberté revient[4] un jour guérir les ombrageuses défiances des hommes. Vous voyez comme les lois de la guerre sont encore farouches et implacables, vous qui les avez courageusement affrontées et qui les subissez plus courageusement encore. Elles paraissent odieuses[5] quand on voit[6] un homme tel que vous en être la victime. [Eh bien ! là est votre gloire nouvelle, là sera votre grandeur véritable.] Le nom terrible et magnifique que vous portez n’eût pas suffi pour nous vaincre[7]. Nous avons à la fois diminué et grandi depuis les jours d’ivresse sublime qu’il nous a donnés. Son règne illustre n’est plus de ce monde, et l’héritier de son nom [penché sur des livres, médite, attendri,] sur le sort des prolétaires. Oui, c’est là votre gloire[8], là est un aliment sain qui ne corrompra point la [sainte] jeunesse et la [haute] droiture de votre âme[9] comme l’eût fait, peut-être, l’exercice du pouvoir malgré vous[10]. Là serait le lien [de cœur] entre vous et les âmes républicaines que la France compte par millions [aujourd’hui]. Quant à moi[11] je ne connais pas le soupçon, et s’il dépendait de moi, après vous avoir lu, j’aurais foi en vos promesses et j’ouvrirais la prison pour vous faire sortir, la main pour vous recevoir. Mais hélas ! ne vous faites pas d’illusions ! Ils sont tous inquiets et sombres autour de moi, ceux qui aspirent à des jours meilleurs[12] ; vous ne les vaincrez que par les idées[13], par la vertu, par le sentiment démocratique, par la doctrine de l’égalité. Vous avez de tristes loisirs : mais vous savez en tirer parti. Parlez-nous donc [souvent de délivrance et d’affranchissement][14], noble

  1. Une autre puissance que celle du commandement.
  2. Sentez.
  3. Grand.
  4. Venait un jour à guérir.
  5. Nous paraissent plus odieuses que jamais.
  6. Nous voyons.
  7. Ce n’est donc pas le nom terrible et magnifique que vous portez qui nous eût séduit.
  8. Grandeur, là est l’aliment de votre âme active.
  9. Vos pensées.
  10. L’eût fait peut-être malgré vous l’exercice du pouvoir.
  11. Mot ajouté : personnellement.
  12. Ceux qui rêvent des temps meilleurs.
  13. Par la pensée.
  14. Encore de liberté.