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trois d’entre elles), très souvent on a imprimé à une fausse date des morceaux de lettres différentes ou bien elles sont tronquées. Enfin, il reste encore beaucoup de morceaux de lettres et de lettres entières qui sont inédites et que nous avons heureusement pu lire.

En cette même année 1849, George Sand écrivit une Préface au livre de Victor Borie : Travailleurs et Propriétaires. Elle y revient encore à son thème favori : elle affirme qu’il y a deux sortes de communismes. L’un, créé par l’imagination des réactionnaires, évoque l’idée d’un désastre général, de pillage, de violences. Celui-là — prétendait-elle — n’existe que dans les imaginations timorées ; si une secte ou une société pareille existait réellement, George Sand la renierait parce que toute secte sous-entend l’intolérance et l’hostilité envers les hommes pensant autrement.

L’autre communisme est purement transcendant ; il n’existe que dans le cerveau d’un très petit nombre d’utopistes et de rêveurs ; c’est à ce communisme-là qu’appartiendra, dans un avenir lointain encore, le triomphe final, parce qu’il est la foi en la fraternité humaine ; son idéal ce n’est pas seulement l’égalité et la liberté politique imposées par la loi, mais la liberté réelle, la liberté économique, qui ne s’acquiert pas par la violence, mais par l’extension de l’amour humain.

La propriété est, elle aussi, de deux natures. L’une est une propriété personnelle, imprescriptible. Il y a une propriété modifiable et commune…

… Oui, il y a deux natures de propriétés : la part individuelle, largement dévolue à quelques-uns, respectable quand même ; la part commune, qui a été surprise, dérobée à tous par un petit nombre ; celle-là doit être restituée…

Si l’auteur de ce travail (c’est-à-dire Victor Borie) rejette absolument le mot que je tiens à maintenir et s’attache à prouver que l’admission du principe de deux natures de propriété éloigne à jamais le communisme de nos institutions, c’est parce qu’il entend par le communisme l’institution par violence ou par surprise des dogmes d’une certaine secte, tandis que si on entend par communisme une croyance pacifique basée sur celle de l’Évangile, l’avenir lui appartient.