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passai à l’écrire, il ne fut pas écrit du moins en prévision ou en espérance de l’événement du 15 mai, que je n’approuve en aucune façon Je crois que tu me connais assez pour savoir que, si je l’avais approuvé avant et pendant, ce ne serait pas l’insuccès qui me le ferait désavouer après.

À toi de cœur, mon ami.

Le lendemain, 7 août, Mme Sand écrivit encore une fois à Girerd à ce même propos, et nous devons encore citer plusieurs passages de cette lettre publiée, car elle est trop importante pour la biographie de George Sand :

… Il y a assez longtemps qu’on m’ennuie avec ce 16e Bulletin. J’ai dédaigné de répondre à toutes les attaques indirectes des journaux de la réaction. Ma réponse, conforme à l’exacte vérité, est dans la lettre que je t’ai envoyée hier et dont je t’autorise à faire usage quand tu jugeras convenable, soit en la communiquant, soit en la faisant imprimer dans un journal de notre opinion. J’aurais pu l’écrire plus tôt ; mais je voulais laisser à M. Ledru-Rollin le soin de désavouer ce Bulletin comme il l’entendrait ; les explications que le rapport prétend avoir reçues de hauts fonctionnaires ne sont pas conformes à la vérité, et tu comprendras qu’il me plaise peu de passer pour son rédacteur payé, apparemment, puisqu’on suppose que j’envoyais divers projets, parmi lesquels on choisissait la nuance, je tiens à garder l’attitude qui me convient comme écrivain, et à laquelle je n’ai jamais manqué, ni comme dignité, ni comme modestie, ni comme désintéressement.

Avise donc de toi-même ; car je prends ici conseil de toi, sur ce que tu dois faire de ma lettre. Je désire rétablir la vérité en ce qui me concerne, et c’est aussi défendre M. Ledru-Rollin que de me défendre moi-même. C’est la seule occasion convenable peut-être que j’aurai de le faire ; car, le rapport oublié, il serait de mauvais goût de ramener sur moi l’attention pour un fait personnel, comme vous dites à l’Assemblée. Peut-être aussi faut-il attendre que M. Ledru-Rollin s’en explique lui-même ? Confères-en avec lui, ce sera utile, et montre-lui mes lettres si tu veux.

…Je crois que tu dois blâmer, toi, l’homme de la douceur et de la prudence généreuse, la brutalité du 16{{e)} Bulletin. Pardonne-moi ce péché, que je ne puis appeler un péché de jeunesse. Je ne reviendrai pas sur ce que je t’ai écrit hier du fait non accompli dans ma réflexion, et pourtant accompli par le vouloir d’un hasard singulier. Ma défense, là-dessus, n’est point trop métaphysique, elle est simple et même naïve, je crois. Mais après tout, je ne me repens pas bien sincèrement, je te