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honneur à ses affaires et de vivre, car, après les onze mille francs qu’on me payera au mois de mai pour les deux premiers volumes de Ma Vie, il y aura une grande lacune avant de faire paraître et avant d’en payer d’autres, on me l’annonce[1].

Bonjour, mon enfant, je te bige mille fois. Si tu vois Gilland, dis-lui mille choses pour moi, bonjour à Lambrouche[2].

Et dans le Journal de 1848, mentionné plus haut, et dont il ne reste, comme nous l’avons dit, que quelques feuillets, se trouvent les pages suivantes très importantes : elles nous révèlent combien, dans la huitaine qui précéda ce 16 avril, George Sand était au courant des choses qui se préparaient. Il faut noter préalablement que le morceau imprimé dans le volume Souvenirs et Idées, sous la date du « 17 avril », se trouvait dans le manuscrit autographe placé après ce qui était écrit à la date du 26 avril, c’est-à-dire qu’il présente un essai rétrospectif de repasser en mémoire tout ce qui avait précédé la manifestation contre-révolutionnaire du 16 avril. Il explique et résume tous les faits qui aboutirent en cette journée à des résultats parfaitement inattendus pour les meneurs de la conspiration : la fusion très visible de tous les éléments réactionnaires. Et au milieu de cet exposé en traits sommaires des événements, du 24 février au 16 avril, nous trouvons des indications très précieuses sur la participation personnelle de George Sand aux conspirations des partis :

… Le 17 mars, après une manifestation faite la veille par quatorze mille garde nationaux de Paris et de la banlieue, sur le motif apparent du maintien des compagnies d’élite et en réalité contre le citoyen Ledru-Rollin et la portion véritablement républicaine du gouvernement provisoire, eut heu une manifestation imposante du peuple de Paris, à laquelle prirent part plus de cent cinquante mille hommes.

Hier, la contre-révolution a tenté de prendre sa revanche. Le fait

  1. La publication de l’Histoire de ma vie fut arrêtée par les événements politiques, et Mme Sand, pour sa part, abandonna ce travail en 1848, pour ne le reprendre qu’en 1853. Nous lisons dans l’un de ses carnets, écrits de la main de Manceau : « Après la lecture de tout, Madame se remet sérieusement à l’Histoire de ma vie, le 22 avril 1853. » L’ouvrage parut en 1854.
  2. Eugène Lambert.