vait le balancement du navire, le faible bruit du remous, et ressemblait à une improvisation vague, renfermée pourtant dans des formes douces et monotones. Cette voix de la contemplation avait un grand charme…[1].
… Le temps était calme, dit-elle dans l’Histoire de ma vie, la mer excellente ; nous sentions la chaleur augmenter d’heure en heure. Maurice supportait la mer presque aussi bien que moi ; Solange, moins bien ; mais à la vue des côtes escarpées de l’île, dentelées au soleil du matin par les aloès et les palmiers, elle se mit à courir sur le pont, joyeuse et fraîche comme le matin même…
Arrivés à Palma de Mallorca, capitale de « toutes les Baléares » les voyageurs durent bientôt se convaincre que MM. Valdemosa et Marliani s’étaient assez abusés sur la possibilité de s’installer facilement et confortablement à Majorque : il n’y avait à Palma ni hôtels, ni chambres meublées à louer, et sans le consul de France et des parents de Valdemosa, gens fort aimables, qui se mirent en quatre pour installer provisoirement nos pèlerins dans une famille hospitalière quelconque, les malheureux voyageurs n’eussent pas su où trouver un abri. Il fallut chercher un appartement. Mais à Palma il n’y avait rien à trouver. Ce n’est qu’au bout de quelques jours de recherches que George Sand trouva une maison de campagne appartenant à un certain señor Gomez qui loua à nos voyageurs son habitation avec tout ce qui s’y trouvait, pour la modique somme de cinquante francs par mois[2]. Mais il paraît qu’il « se trouvait » à la villa du noble Gomez si peu de chose en fait de meubles et d’ustensiles, que George Sand dut se mettre en quatre pour se procurer les objets de première nécessité[3].
À Palma, il était impossible de trouver des meubles tout faits soit à louer, soit à acheter ; il fallait tout commander et attendre la commande pendant un temps indéfini. Il fallut dans les commencements se contenter de n’importe quoi, mettre à con-