que Tévérino donne au lecteur l’assurance qu’il en soit ainsi. Lorsque dans la dernière scène du roman il apparaît en robe blanche de dominicain et prononce des discours fort édifiants sur son avenir et celui de la petite oiselière dont il veut devenir digne, nous devons avouer que tout cela ne nous paraît qu’une de ses improvisations brillantes et nous nous attendons à lui voir jeter son froc aux orties, s’adonner au sport athlétique ou faire métier de baladin, ne songeant nullement à son relèvement moral.
George Sand tira plus tard une pièce de ce roman, c’est-à-dire qu’elle en fit le prologue d’une pièce jouée en 1854, sous le nom de Flaminio. Les personnages sont les mêmes que dans le roman, à de petites exceptions près (c’est ainsi par exemple que, pour faire une concession à l’esprit clérical du moment, le cher curé ridicule est remplacé par une Anglaise caricaturée, miss Barbara, cousine de lady Sabina). Mais la pièce n’a pas le charme de ce spirituel et alerte récit de voyage si plein d’imprévu. Le mystère de la liberté des relations rustiquement pures et vraiment fraternelles entre Tévérino et Madeleine, incompréhensible pour Sabina et intraduisible par des moyens de théâtre, mais très bien compris du lecteur, n’y est plus. Dans la pièce Tévérino déclare au contraire, dès le début, que Madeleine est sa fiancée. L’action est privée de cet arrière-fond, si plein de couleur, de routes alpestres, de défilés de montagne et de petits bourgs italiens, qui donne un charme tout particulier à cette narration gracieuse. Le côté pittoresque disparut, le côté moralisateur domine, et, somme toute, il ne reste rien ou presque rien de cette petite nouvelle si gaie, et il existe une pièce ennuyeuse de plus ! Nous ne l’avons pas vu jouer, mais nous croyons que sur les planches elle doit ennuyer encore plus que dans les pages du^deuxième volume du Théâtre de George Sand.
Tévérino et Piccinino parurent tous les deux dans la Presse, le premier en 1845 et l’autre en 1847.
… Ce que je pense de la noblesse de race, dit George Sand dans l’Histoire de ma vie, je l’ai écrit dans le Piccinino, et je n’ai peut-être fait ce roman que pour faire les trois chapitres où j’ai développé mon sentiment sur la noblesse. Telle qu’on l’a entendue jusqu’ici, elle est