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dans le Péché de M. Antoine, tous vivent d’une vie réelle, parce que George Sand les avait connus depuis son enfance : ils ont surgi spontanément dans son imagination lorsqu’elle voulut leur donner la vie.

Ses écrits sociaux et politiques, ceux qui parurent vers 1840-1843, ainsi que ceux de 1848, respirent la même entente de la vie du peuple. Le Père Va-tout-seul, les Lettres d’un paysan de la Vallée Noire, Fanchette, la Lettre d’un boulanger à sa femme, l’Histoire de France écrite sous la dictée de Blaise Bonnin, les Paroles de Blaise Bonnin aux bons citoyens et enfin l’esquisse dédiée à Tourguéniew, Pierre Bonnin, que nous avons mentionnée plus haut, tous sont écrits dans une langue populaire admirable ; ils traduisent si parfaitement les pensées et les aspirations du peuple que tous ceux qui prétendent être experts dans les questions populaires pourraient les envier. George Sand puisait à la source même ; cette source rejaillit dans toutes les œuvres où apparaissent en scène les hommes du peuple et les tableaux de la vie rustique, fût-ce dans un roman, dans une œuvre autobiographique (comme l’Histoire de ma vie), dans une pièce de théâtre (comme Claudie ou le Pressoir), dans des études ethnographiques (comme les Visions de la nuit ou les Mœurs et coutumes du Berry, mentionnées plus haut) ou bien dans des œuvres aussi fantastiques que les Contes à ses petites-filles. (C’est ainsi que dans le Nuage rose, elle décrit avec un charme incomparable comment une petite fille garde des moutons dans une prairie alpestre et file sa quenouille tout en marchant ; dans le Géant Jéous elle peint la lutte des montagnards des Pyrénées contre les forces de la nature.) Nous devons répéter ici une comparaison assez rebattue et nous souvenir du mythe d’Autée qui redevenait plus fort chaque fois qu’il touchait à la Terre-Mère. Chaque fois que George Sand touche à la campagne, aux mœurs rustiques, ses pages exhalent la fraîcheur des prés, l’air de la vraie poésie.

La Petite Fadette fut trois fois mise au théâtre. En 1850, Anicet Bourgeois en tira une comédie médiocre, et en 1860, l’artiste allemande Birch-Pfeiffer, une excellente. Cette dernière