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venant de la part de George Sand elle-même, mère idéale. Il est parfaitement incompréhensible qu’elle ait pu si souvent et si facilement profaner l’idée et le nom d’ « amour maternel » en l’employant et dans sa vie privée et dans ses romans écrits, quand ils n’y avaient que faire ! Nous ne savons pas si la faute en est à l’époque ou si c’est une question de manque de goût et de tact personnel, mais ces éternels « sentiments maternels », ne se rapportant pas à des orphelins, à des pupilles, mais bien à des amoureux, à des amants dans le sens le plus précis du ternie, nous choquent.

Lorsque la plume de George Sand trace avec tant de facilité les mots de « tendresse maternelle », à l’adresse des héros de ses romans vécus ou écrits, nous regrettons qu’elle ne se souvînt à ce même moment de son cher Maurice et ne se soit pas dit : « Mais je dis là une absurdité : on ne peut, on ne doit pas tracer ce mot, lorsqu’il s’agit de la passion amoureuse, fût-elle pleine de pitié ou de tendresse protectrice, c’est un sacrilège ! »

Au contraire, Madeleine Blanchet qui avait vraiment traité le pauvre enfant abandonné avec une tendresse toute maternelle, aurait dû se dire, après avoir entendu la déclaration de François : « Mais c’est absurde, c’est une folie, il est mon fils ou tout comme. Est-ce qu’une mère peut aimer son fils ainsi qu’un mari ou un amant ? »

C’est cette infraction à la loi morale et à celle du bon goût qui fait que ce roman, si adorablement écrit, tout en nuances et en traits fins, laisse après lui un souvenir vaguement déplaisant. Nous nous empressons de dire que nous ne parlons que pour nous-mêmes et que notre opinion semblera sûrement monstrueuse, François le Champi étant compté parmi les chefs-d’œuvre de George Sand. Mais nous sommes sûr que les mères, les vraies mères, seront de notre avis, et diront comme la liseuse de seize ans : « la fin gâte le roman », tandis que ses débuts, ces simples pages touchantes nous parlant du sort des pauvres petits champis, enfants abandonnés dans les champs au sens précis du mot, n’échappant souvent à leur perte que grâce à de bonnes âmes comme Madeleine, ces pages-là sont