Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/692

Cette page n’a pas encore été corrigée

vreur à l’endroit le plus terrible, nous faisait passer un frisson glacé dans les veines. Et souvent aussi le bonhomme continuait à parler en broyant : et il y avait quatre à cinq mots perdus ; mots effrayants, sans doute, que nous n’osions pas lui faire répéter, et dont l’omission ajoutait un mystère plus affreux aux mystères déjà si sombres de son histoire. C’est en vain que les servantes nous avertissaient qu’il était bien tard pour rester dehors, et que l’heure de dormir était depuis longtemps sonnée pour nous : elles-mêmes mouraient d’envie d’écouter encore ; et avec quelle terreur ensuite nous traversions le hameau pour rentrer chez nous ! Comme le porche de l’église nous paraissait profond, et l’ombre des vieux arbres épaisse et noire ! Quant au cimetière, on ne le voyait point ; on fermait les yeux en le côtoyant.

Nous ne pouvons pas nous refuser le plaisir de citer ici encore une lettre de de Latouche, se rapportant à cette digression de l’auteur de la Mare au Diable, d’autant plus que les extraits de ses lettres inclus par George Sand dans son article sur De Latouche, présentent un tel désordre chronologique qu’il rend absolument perplexe non seulement celui qui aurait pu consulter les autographes des lettres de de Latouche, mais aussi chaque lecteur attentif. Nous avons essayé de noter en marges du volume d’Autour de la table[1], où l’article sur de Latouche est réimprimé, les dates des lettres, auxquelles ses extraits sont empruntés, mais nous avons remarqué bientôt que les millésimes que nous mettions en regard des lignes : 1847, 1844, 1843, 1846, 1845 et de nouveau 1847, 1843, etc., parsemaient tellement les pages du livre qu’il ne restait absolument plus de papier blanc, bien que nous ne fussions pas au bout de nos corrections. Nous disons cela à titre de renseignement. Revenons à la lettre de de Latouche. Le vieux critique qui, malgré toute son admiration pour la Mare au Diable, avait pourtant fait certaines observations un peu tracassières sur quelques détails du roman, baissa pavillon devant cette description d’une soirée d’automne, dans les Noces de campagne et écrivit à l’auteur :

  1. George Sand, Œuvres complètes : Autour de la table : H. Delatouche p. 245-253.