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Celle-ci aime en secret le pauvre meunier Grand-Louis ; son père ne veut pas qu’elle l’épouse et lui cherche un riche parti. Le malheur plane déjà sur la tête de Rose, elle est menacée d’une grave maladie nerveuse. Ce sont les maudits sacs à or, la propriété rurale qui causent tout ce mal ! Cette même richesse maudite sépare la jeune veuve Marcelle de Blanchemont de son amoureux, Henri Lemor, qui la fuit, quitte Paris et vient se réfugier chez le meunier d’Angibault dont il devient garçon de moulin : il sait que les préjugés de caste s’élèvent contre son amour.

Il y a encore un être dont l’argent fait le malheur. Le fameux trésor que les « chauffeurs » avaient jadis vainement cherché chez Bricolin père, et à cause duquel ils l’avaient si horriblement torturé, a été trouvé dès lors par l’un des complices, le vieux Cadoche ; mais les pièces de monnaie, étant toutes marquées d’une barre et d’une croix, n’ont pu être mises en circulation. Cadoche dut quitter son village et de pauvre paysan devint un vagabond ; il garde le trésor volé sous terre, dans une cabane, il sort parfois les belles pièces d’or, il les admire comme un avare, et doit vivre comme le dernier des mendiants. Peu à peu il devient voleur, il dérobe des chevaux mal gardés, et tombe dans la dernière abjection. Mais sa conscience ne le laisse pas en repos. L’image du malheureux Bricolin torturé par les « chauffeurs » le hante, il parle toujours du trésor ; on prend cela pour une hâblerie d’ivrogne, mais quand vient son heure suprême, Cadoche révèle la vérité. Le trésor appartient par moitié à l’héritière de Blanchemont, la comtesse Marcelle, et au vieux Bricolin. Au moment où meurt Cadoche, Louise met le feu à l’acquisition nouvelle de son père et périt dans les flammes. C’est ainsi que le crime est puni : Némésis a sévi dans la personne de la misérable Bricoline contre la cupidité de tous les Bricolin. Finalement tout s’arrange pour le mieux. Cadoche, pour récompenser le meunier de ses bontés, l’institue son héritier, mais le meunier d’Angibault refuse cet héritage et remet à Marcelle les cinquante mille francs. Quoique la dame de Blanchemont ait écrit à Lemor : Quel bonheur, Henri, je suis ruinée, elle accepte. Elle