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ses beaux et grands ouvrages, il me faut aussi le temps de soigner mes petites études et je ne peux pas m’engager à me trouver prête, quand les coupures du Juif errant l’exigeront, non plus qu’à avoir terminé, quand le Juif errant sera prêt à se remettre en route autour du monde. Tout ce que je puis vous promettre, c’est de faire tout mon possible, parce que j’ai le désir sincère de vous obliger. Je passe sous silence la contrariété de me remettre au travail, quand je comptais encore sur un mois de repos bien nécessaire. J’y ai déjà renoncé, je travaille déjà depuis que j’ai reçu votre lettre, mais pourrai-je vous envoyer dans six semaines un ouvrage dont je sois satisfaite et dont vous soyez vous-même content ? Je ne pense pas que l’intérêt de votre journal soit de me presser ainsi. Je suis donc un peu en colère contre vous et, pourtant, je ne refuse pas de faire ce qui me sera humainement possible.

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Mille compliments empressés, accompagnés de quelques reproches.

George Sand.

Véron, toujours pour allécher le public, annonça d’avance un « roman nouveau de George Sand à paraître prochainement », et la pria de lui en donner le titre, comme on peut le voir par cette seconde lettre de Mme Sand, imprimée dans les Mémoires d’un bourgeois de Paris, sous le numéro 1.


6 juillet.

Ma lettre d’hier ou d’avant-hier, car je ne sais pas si celle-ci pourra partir aujourd’hui, vous a déjà dit que je ne voulais plus vous en vouloir. N’en parlons plus, je travaille. S’il n’y avait pas nécessité urgente à annoncer mon titre, je vous demanderais en grâce de me laisser encore quelques jours pour en trouver un qui me plaise davantage. Ne suffit-il pas pour le présent d’annoncer un nouveau roman de moi ? Quand je serai un peu plus avancée dans mon sujet, je serai plus sûre de ce malheureux titre. Considérez que vous m’avez éveillée dans mon rêve au moment où je croyais avoir encore au moins une quinzaine pour le mûrir en sommeillant…

La suite de cette lettre traite de l’édition de Jeanne ainsi que de l’édition du roman suivant, tous les deux cédés à l’éditeur La

    naissaient pas encore personnellement. La lettre est très intéressante, car elle contient la « profession de foi d’écrivain » de George Sand.

  1. Ces points sont imprimés tels que dans le livre de Véron.