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Alexandre Dumas père, Eugène Sue, George Sand, etc. Dans ses Souvenirs parus sous le titre de Mémoires d’un bourgeois de Paris, Véron s’exprime ainsi :


… La publication du Juif errant fut précédée d’un roman de George Sand, ayant pour titre Jeanne. Ce petit chef-d’œuvre servit, pour ainsi dire, de ligne de démarcation bien tranchée entre le vieux Constitutionnel, qui venait de finir, et le nouveau Constitutionnel, que je m’efforçais de mettre en crédit auprès du public.

La remise de la copie aux époques convenues, le choix des titres, l’intérêt du sujet, tout cela était si important pour ramener au Constitutionnel une clientèle nombreuse, que je n’en dormais pas.

Je publie ici trois lettres de George Sand, qui mettent en relief toutes mes impatientes anxiétés et sa consciencieuse obligeance à les calmer…[1].

Or, ce n’est pas trois, mais bien quatre lettres de George Sand que nous y trouvons, et ces lettres ne se rapportent pas toutes à Jeanne ; elles ont trait à un autre roman : nous le verrons tout à l’heure.

Avant que la publication de Jeanne dans le journal de Véron fût définitivement décidée, de longs jours s’écoulèrent. Toute une série de lettres de Latouche à Mme Sand est consacrée à ces pourparlers, ces calculs et enfin à l’heureuse clôture de ces conférences par la signature du contrat.

Ces mêmes lettres nous apprennent que le roman et son héroïne principale ne s’appelaient pas d’emblée Jeanne, mais Claudie, ce n’est que plus tard qu’elle fut rebaptisée, et le nom primitif, Claudie, fut donné à l’un des personnages secondaires du roman, la jolie chambrière campagnarde, amie de la jeune châtelaine Marie de Boussac (portrait de la petite femme de chambre de Solange, la jolie Luce). De Latouche écrit à George Sand à propos de ce changement de nom, la veille de la signature du contrat avec Véron :

  1. V. Véron, Mémoires d’un bourgeois de Paris, t. II, p. 306.