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Voilà pourquoi nous ne parlerons pas d’eux après 1848, comme cela se fait toujours, mais nous les analyserons immédiatement après Jeanne et après deux romans ultérieurs par leur date de publication, mais qui, par des raisons intimes, devraient être ses devanciers : le Meunier d’Angibault et le Péché de M. Antoine.

La publication de l’Éclaireur de l’Indre et la recherche d’un rédacteur furent la cause de la réconciliation de George Sand avec un vieil ami à elle. Lorsqu’elle travailla à créer ce journal, Duvernet, Fleury et Planet se mirent à recruter des collaborateurs et des co-rédacteurs, ils s’adressèrent entre autres, comme nous l’avons dit plus haut, à cet homme de lettres berrichon, qui fut le premier mentor littéraire et le conseiller de George Sand aux débuts de sa carrière, à Henri de Latouche. Il est évident que ce vieux misanthrope et hypocondriaque, qui fut au fond le cœur le plus tendre et le plus aimant, n’attendait qu’un prétexte pour revoir son « cher George » dont il était séparé depuis plusieurs années. C’est ainsi que le 5 janvier 1844, il lui écrivit une lettre très sincère et très simple qui toucha Mme Sand énormément : il lui disait franchement que ses amis à elle le priaient de prêter secours au journal l’Éclaireur, très heureux de lui tendre la main, il lui demandait seulement d’en faire autant, c’est-à-dire de donner une petite satisfaction à son amour-propre en consacrant dans la Revue indépendante « une demi-page à son recueil de poésies, intitulé les Adieux, où elle trouvera peu de talent, mais quelques pensées généreuses et sincères », disait-il. George Sand, pour sa part, fut bien contente de faire la paix avec son vieux grognon d’ami qui avait jadis rompu avec elle sous un prétexte imaginaire, la soupçonnant du « désir de blesser son amour-propre[1] ». George Sand s’empressa donc de satisfaire à son désir. Le 10 janvier, l’article de George Sand sur les Adieux de de Latouche parut, dans la Revue indépendante, puis on imprima des vers inédits du poète Berruyer dans la même revue, et la paix fut signée. Pen-

  1. V. Autour de la table, p. 242.