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Il se passa néanmoins plusieurs mois encore avant que les lettres revinssent chez Mme Sand. On le voit par les lettres suivantes des deux Dumas, une lettre de George Sand, imprimée dans sa Correspondance, et enfin par celle que M. Rocheblave a publiée dans la Revue des Deux Mondes.


À George Sand.
Paris, 5 août 1851.
Bien chère et très illustre amie,

Je ne vous ai pas répondu : « Cent fois merci » à votre beau portrait[1], je ne vous ai pas répondu à votre gracieuse lettre d’avant-hier, parce que j’espérais toujours aller vous crier moi-même : « Me voilà ! » Et puis, que voulez-vous, pièces sur pièces, romans sur romans, Pélion sur Ossa, tout Encelade que j’ai la prétention d’être, il m’a été impossible de secouer tout ce chaos.

Si d’ici au 15, et je l’espère bien, je vois à mon travail une brèche par laquelle je puisse passer, je saute en chemin de fer et je vous arrive, mais il faudra me faire de bien grands bras, car il y a vingt ans que j’ai envie de vous embrasser, et à la première fois que je vous verrai, je vous préviens que je suis résolu à ne plus attendre.

Alexandre allait partir en effet quand il a été arrêté par Solange ; j’aime tant ce nom que je vous le lance bravement tout court. Ou il ira vous voir, ou il vous enverra son paquet.

De nous deux, au reste, je ne sais qui vous admire le plus, mais qui vous aime le plus, je suis bien sûr que c’est moi.

Tous les respects du cœur.

A. Dumas père.


La lettre à Dumas fils, imprimée dans le volume III de la Correspondance de George Sand à la date du « 14 août 1850 », fut réellement écrite le 14 août 1851, elle contient mainte allusion à la précédente.

  1. Gravé par A. Manceau d’après le portrait dessiné par Couture, qui se trouve maintenant au musée Carnavalet. La gravure de Manceau avait été exposée au Salon de 1851.