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je le voie plein de rides ? Non pas, votre cœur est le cœur d’Indiana, de Valentine, Claudie, et non celui de Lélia. Votre cœur est jeune, votre cœur est bon, votre cœur est grand, et la preuve, vous le voyez bien, c’est qu’il saigne à la moindre blessure.

J’ai presque un regret de vous avoir écrit. Mais que voulez-vous, il faut me prendre pour ce que je suis, c’est-à-dire pour un homme tout de première impression.

J’ai reçu cette lettre d’Alexandre, j’en ai déchiré la première page, je vous l’ai envoyée, comme j’aurais fait à un homme, à un camarade, à un ami.

Maintenant tout est parti pour Mystowitz, où Alexandre restera encore quinze jours, et j’ai tout espoir qu’il vous rapportera ces précieux morceaux de votre cœur.

Je quitte Paul, avec lequel j’ai parlé des heures de vous.

Si Alexandre renvoie ou rapporte les lettres, je pars à l’instant pour Nohant.

Je vous embrasse et je reviens.

Soyez forte et courageuse comme le génie qui est en vous.

Tous les respects du cœur.

A. Dumas père.


À George Sand.
Mystowitz, 3 juin 1851.
Madame,

Je suis encore en Silésie, et bien heureux d’y être, puisque je vais pouvoir vous être bon à quelque chose.

Dans quelques jours, je serai en France et vous rapporterai moi-même, que Mme Jedrzeiewicz m’y autorise ou non, les lettres que vous désirez ravoir. Il y a des choses tellement justes, qu’elles n’ont besoin de l’autorisation de personne pour se faire. Il est bien entendu que la copie de cette correspondance vous sera remise en même temps, et de toutes les indiscrétions, il ne restera rien que le résultat heureux qu’en somme elles auront eu.

Mais croyez-le bien, madame, il n’y a pas eu profanation. Le cœur qui s’est trouvé de si loin et si indiscrètement le confident du vôtre tous était acquis depuis longtemps et son admiration avait déjà la taille et l’âge des plus grands et des plus vieux dévouements.

Veuillez le croire et pardonnez.

Recevez, madame l’assurance de ma parfaite considération.

A. Dumas père.