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qu’il est. Cette mort, au bout de tous les détails les plus intimes, les plus gais, les plus vivants de la vie, est une impression impossible à rendre-Un moment, j’ai souhaité que le dépositaire, qui est mon ami, mourût subitement, afin d’hériter de son dépôt et d’en pouvoir faire hommage à Mme Sand qui serait peut-être bien heureuse de revivre un peu de ce passé mort. Le misérable, mon ami, se porte comme un charme, et croyant partir le 15, je lui ai rendu tous ces papiers qu’il n’a pas même la curiosité de lire. Il est bon, pour comprendre cette indifférence, que tu saches qu’il est second associé d’une maison d’exportation.

Alexandre Dumas fils.


Déjà ces deux lettres montrent combien tous les détails de cette trouvaille des lettres sont peu exactement relatés dans le livre de Fr. Niecks, qui en parle sur la foi du correspondant parisien du World, aussi bien que dans l’étude de M. Rocheblave où nous lisons ceci :

Ces lettres, que la sœur de Chopin rapportait en Pologne à la mort de son frère, furent arrêtées à la frontière pour être examinées. Dumas, arrêté lui-même au même point, faute de passeport, trouva chez le chef du poste de police de la station le précieux dépôt. Sa curiosité fut éveillée ; le chef lui permit de la satisfaire. Il dévora la correspondance en une nuit ; le lendemain, il essaya de persuader au dépositaire de lui confier cette correspondance pour la rendre à son vrai propriétaire, savoir l’auteur. Le chef n’entendit pas de cette oreille et, mis en défiance, pria Dumas de lui rendre le paquet. Celui-ci demanda encore vingt-quatre heures qui lui furent accordées. Il en profita pour échapper audacieusement avec les lettres et courut d’une traite jusqu’à Paris, d’où il écrivit à George Sand.

Les mots et les lignes soulignés par nous sont, comme on le voit, en parfaite contradiction avec les données réelles que renferment les deux premières lettres des Dumas. Elles ne s’accordent pas plus avec les indications des lettres ultérieures.


À George Sand.
30 mai 1851.
Chère et illustre,

Votre lettre m’a profondément attristé. Pourquoi donc voulez-vous que votre cœur ait vieilli et quelle est cette affectation de vouloir que