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Chopin, même sur les personnes qui étaient présentes dans la chambre mortuaire, qu’il est vraiment difficile de voir clair dans ce fatras de contradictions. Parmi les témoins oculaires, plusieurs n’étaient pas à Paris, ce qui ne les empêcha pas de raconter plus tard ce qu’ils virent de leurs propres yeux, et ce qu’ils entendirent de leurs propres oreilles. Il est fort heureux que la nièce de Chopin, Mme Ciechomska, ait publié dans le Kuryer Warszawski la lettre mentionnée plus haut, dans laquelle elle réfute toutes ces fables sur Mme Delphine Potocka chantant un cantique de Marcello au pied du lit de Chopin expirant ; sur Gutmann soulevant dans ses bras robustes le moribond qui porta à ses lèvres l’une des mains de cet élève ; sur Mme M[arliani], — d’autres disent que ce fut Solange, — venue de la part de Mme Sand pour demander des nouvelles du malade et qu’on n’aurait point laissée entrer, enfin sur « l’insensible » Mme Sand qui ne vint pas, étant alors occupée à monter une de ses pièces. Tout cela Mme Ciechomska l’a nié catégoriquement. Quant aux deux derniers points nous pouvons par des faits et des dates renforcer ses réfutations.

Mme Sand ne sut pas qu’à son retour d’Angleterre, la maladie de Chopin avait fait d’immenses progrès et que son état était désespéré. Lorsqu’elle apprit en l’été de cette année l’arrivée de Mme Louise Jedrzeiewicz auprès de son frère malade, elle lui écrivit immédiatement lui demandant comment elle l’avait trouvé : il paraît que sa lettre ne reçut pas de réponse[1]. Mme Sand passa à Nohant tout l’automne de 1849. Elle ne vint à Paris qu’au mois de décembre. Elle n’assista ni aux répétitions, ni à la première de François le Champi, qui eut lieu le 2 novembre. Personne ne l’informa qu’il s’était produit dans l’état du malade un brusque changement. Donc, elle ne put ni venir elle-même demander de ses nouvelles, ni assister à sa mort. Mais tous ses amis intimes savaient quelle atteinte douloureuse cette mort portait à son cœur, quoi qu’elle fît pour ne pas trahir sa douleur. C’est pour cela que dans toutes les lettres

  1. C’est la dernière des lettres de Mme Sand à Mme Jedrzeiewicz, publiées dans le livre de M. Karlowicz.