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Cette histoire causa encore des désagréments à la pauvre Augustine. La calomnie lancée par Solange ne s’éteignit pas. Le grain d’ivraie fut cultivé par les parents d’Augustine. Toujours affamés d’argent, ils ne pouvaient se consoler de ce que leur fille, devenue majeure et mariée, leur ait échappé, mais surtout de ce qu’elle ait épousé un pauvre maître de dessin et non le riche Maurice Dudevant, un gendre à exploiter. Le père Brault confectionna donc, au commencement de 1848, avec l’aide d’un certain Anaxagore Guilbert, un pamphlet d’un cynisme incroyable, écrit dans un style plus incroyable encore, plein des plus atroces calomnies contre Mme Sand, et même contre sa propre fille. Ce pamphlet parut sous le titre : Une contemporaine. Biographie et intrigues de George Sand, avec une lettre d’elle et une de M. Dudevant, par Brault (Paris, en vente rue des Marais-Saint-Germain, 6, 1848), méchante petite plaquette in-8o, imprimée sur vilain papier gris, avec la mention : première livraison. La suite ne parut jamais. Mme Sand s’adressa d’abord au célèbre avocat Chaix d’Est-Ange, voulant intenter un procès à l’auteur de cette odieuse brochure ; elle demanda aussi à M. Charles d’Arragon d’empêcher la circulation de ce libelle. Nous ne transcrivons point ici la longue lettre de George Sand à Me Chaix d’Est-Ange dans laquelle Mme Sand conte et l’histoire d’Augustine et les rapports de sa famille avec les Brault. Nous renvoyons le lecteur au chapitre v et au présent chapitre. Quant à M. Charles d’Arragon il répondit à Mme Sand par la lettre que voici[1] :

Chère amie,

Je n’ai pas voulu vous écrire avant d’avoir agi pour M. Bertholdi ; je l’ai fait et bien qu’encore le poste de Ribérac ne soit pas vacant, j’espère que vous aurez bientôt ce que vous souhaitez. Je vous remercie de m’avoir donné une occasion de m’occuper de vous ou de ceux que

    et d’un oncle. J’irai voir Mme Chatiron aussitôt que le temps et ma santé me le permettront. Veuillez, en attendant, lui exprimer mes douloureux sentiments d’intérêt et de condoléance ainsi qu’à Léontine que j’embrasse tendrement… »

  1. Inédite.