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la suite directe de la lettre qu’on vient de lire et nous montre combien cette jeune dame traitait cavalièrement… la vérité ! Tous sont fautifs vis-à-vis d’elle, elle seule souffre innocemment ! Ce fut encore son vieil et fidèle ami Charles Duvernet et sa femme qui, cette année-là et la suivante, aidèrent Mme Sand dans l’arrangement de ses affaires pécuniaires. Duvernet le soutint par son crédit. Lorsque enfin, après d’innombrables démarches auprès d’une série d’usuriers, elle reçut une avance sur son travail. Mme Sand s’adressa à Charles Duvernet pour qu’il l’autorisât de dépenser cette somme afin de sauver Solange. Voici une seconde lettre inédite, très importante pour nous éclairer sur ce rôle de « mère indifférente et légère » que Solange et Chopin, après elle, attribuent à George Sand :


À monsieur Duvernet,
receveur des finances à Ribérac, Dordogne.
Nohant, 12 novembre 1848.

Voici ma situation. L’Angleterre n’a rien pu me fournir. Aucante me cherche de l’argent et espère me trouver 5 000 francs.. Je vais vendre, si on ne me fait pas encore faux bond, cinq à six volumes pour 5 000 francs, c’est-à-dire ce que j’aurais vendu 12 000 ou 15 000 francs l’année dernière. Je fais en outre demander à l’éditeur de mes mémoires de me payer deux volumes de manuscrits que j’ai tout prêts, en lui offrant un rabais de 50 pour 100 sur la totalité de l’affaire. Je ne sais pas ce que je ne ferais pas, j’irais jusqu’à 100 pour 100 pour empêcher les tracasseries de Mme Reignier de venir s’ajouter aux embarras que t’a créés le cautionnement de Bertholdi. J’écris à Papet de me chercher de l’argent. Une autre personne de Paris m’en promet. Enfin, j’écris à M. Collin de tenter une dernière démarche auprès de Mme Reignier pour l’engager à ne tourmenter que moi et à accepter son remboursement par versements successifs, si je me trouvais dans l’impossibilité de lui verser au jour dit la somme entière. Mais il faut tout prévoir. Tout ce que j’essaie et espère peut échouer, surtout si l’élection du président nous amène une nouvelle crise au 10 décembre. Mme Reignier peut se montrer intraitable. Ce que je vois de plus certain, c’est de tirer 5 000 francs de mon travail courant en fournissant même encore le fruit de beaucoup de veilles pour décider les acheteurs.

Or, voici ce qui me chagrine le plus. Si d’ici à quinze jours je puis