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ne déjoue tous mes efforts, en poussant à la vente de la maison, dans l’espérance d’un petit excédent, après les dettes payées, et que tu n’aies la folie de te prêter à cela, aimant mieux 10 000 ou 15 000 francs comptant à dépenser qu’un immeuble frappé de stérilité aujourd’hui, mais f offrant une existence plus tard. S’il en est ainsi, je fais un rôle de Cassandre et je jetterai de l’argent dans le tonneau des Danaïdes, sans que cela profite à personne. N’importe, je ferai mon devoir dans toutes les limites du possible, et si je ne peux rien, ou bien si ce que j’aurai pu ne sert à rien, je prendrai mon parti sur les récriminations et les injustices.

George Sand.


Si les créanciers ne sont pas satisfaits par la vente de l’hôtel, je ne crois pas qu’ils aient aucun droit sur les terres de Côte-Noire. Dans tous les cas, ces terres sont destinées par moi pour payer vos dettes, car vous avez chez Moulin les frais d’enregistrement de votre contrat de mariage à rembourser et chez Simonnet 2 000 francs empruntés et non soldés. Ainsi il m’est indifférent que ces terres soient vendues pour tel ou tel emploi, bien que je ne croie pas que vous ayez aucun droit. Depuis qu’elles sont en vente, un seul acquéreur s’est présenté et il s’est retiré. Si on était à Paris dans la même situation qu’ici, l’hôtel de Narbonne ne trouverait pas un seul acquéreur, car ici il ne se fait aucune espèce d’affaires.

Nous demandons excuse au lecteur de l’ennuyer par cette lettre d’affaires si sèche, mais elle est précieuse, parce qu’elle réfute catégoriquement toutes les plaintes et les assertions de Solange contre sa mère qui l’aurait « abandonnée » à la merci de « ses (?!) créanciers » sans la secourir au milieu des difficultés de sa position matérielle[1].

La lettre de Solange à Chopin datée du 30 (sans millésime), dans laquelle elle le remercie des cinq cents francs qu’elle lui avait empruntés et lui parle de M. de Bouzemont, semble être

  1. Ce fut la même chose plus tard, Solange ^ prétendait toujours être abandonnée, alors que sa mère lui versait des sommes considérables. C’est ainsi, par exemple, que dans une lettre inédite de George Sand à Dumas fils, datée du 4 janvier 1862, gracieusement communiquée par M. Rocheblave, nous lisons que Solange, alors malade, « crie misère en ayant 40 000 francs à placer, déposés chez les notaires de la Châtre » et tandis que George Sand « se charge des frais de sa maladie et lui sert régulièrement sa pension, Solange prétend ne rien recevoir ni de sa mère ni de son père » ; et en outre « elle a une autre rente d’un prince étranger… ».