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propriétaire. Enfin, si l’impatience des créanciers hypothécaires de l’hôtel n’est réellement fondée que sur le non-payement de leurs intérêts, il y a de votre faute à tous les deux, je t’ai montré la note de l’argent que vous avez emprunté, gagné et touché depuis votre mariage, note fournie par M. Bouzemont[1] lui-même et dont tu n’as contesté l’exactitude qu’à très peu de chose près. C’était énorme, et il y avait vingt fois de quoi parer aux premières nécessités de votre position. Ces premières nécessités, c’était de payer les intérêts de l’hypothèque et votre logement.

J’ai dit à Perrichet de reprendre ses meubles. Si votre propriétaire veut les faire vendre, ils seront vendus très au-dessous de leur valeur, et c’est à faire de ces marchés-là qu’on se ruine. Perrichet n’étant payé que d’une faible partie, a un droit qui prime celui du propriétaire. Je lui ai écrit qu’on s’arrangerait avec lui. Si vos affaires peuvent s’arranger d’ici à peu de temps, vous retrouverez vos meubles chez lui. Mais il faut lui écrire officiellement, comme s’il devait les reprendre d’une manière absolue, autrement, il aurait l’air de se faire complice d’une fraude envers votre propriétaire, et il ne le pourrait pas sans s’exposer à une affaire désagréable. Tu comprends cela, je lui ai donc écrit de les retirer, et je lui ferai parler pour qu’il les garde jusqu’à nouvel ordre.

Rollinat et Fleury vont aller chez M. Bouzemont, il s’agit de savoir si, en payant les intérêts aux créanciers hypothécaires et en assurant le remboursement de M. Bouzemont, les poursuites cesseront. Si M. Bouzemont est de bonne foi et homme d’honneur, comme je me plais à le croire, il patientera et fera patienter les créanciers. Mais si entre les créanciers et lui il y a accord et volonté d’acquérir à bon marché une propriété dépréciée par les circonstances, personne ne pourra combattre ce mauvais vouloir et déjouer ce calcul, à moins de rembourser de suite capital et intérêts.

Voilà ce que j’ai espéré que M. Beauvais pourrait faire, en renouvelant votre hypothèque sur d’autres prêteurs et en donnant des garanties à M. Bouzemont, je crois que M. Beauvais l’aurait pu, du moins, il l’a espéré jusqu’à ce jour et il a tenté sérieusement de le faire. Mais la meilleure garantie à lui donner, c’était de mettre dans ses mains la gestion de la maison. En connaissant par lui-même la valeur et les produits de cet immeuble, il aurait pris confiance. Mais vous n’avez pas voulu agir ainsi, ou vous ne l’avez pas pu, et sa bonne volonté s’est trouvée paralysée naturellement.

Dans huit jours, je te dirai le résultat de mes démarches, mais je n’espère pas beaucoup. Je crains aussi qu’en dessous main, Clésinger

  1. L’orthographe de ce nom nous paraît douteuse.