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le biographe. Elles prouvent que ce n’est pas en mai ou juin 1847, au moment du mariage de Solange, que Chopin dut s’exiler de Nohant, que ce ne fut pas « Mme Sand qui l’exila » ou « lui défendit d’y revenir », ce ne fut pas elle non plus qui prononça le dernier mot. Bien au contraire, elle attendait de lui une parole de compassion : il crut Solange et prit parti pour elle ; Mme Sand était prête à aller le rejoindre à Paris, inquiète de sa santé, elle l’attendait à Nohant, et lui ne vint pas de son propre gré. Ces lettres prouvent également que Mme Sand savait parfaitement de quelles méchantes calomnies était capable Solange et prévoyait que Chopin avec sa méfiance maladive ajouterait foi à tous les racontars. C’est ce qui arriva bientôt. Dans les lettres de Chopin (qui détestait Augustine, — ce qu’il ne faut pas oublier), lettres imprimées par M. Karlowicz, dont nous avons cité des extraits, on trouve l’écho de ces racontars. Chopin fait part à sa famille des ruses et subterfuges auxquels on avait, selon lui, eu recours à Nohant, pour cacher de prétendues intrigues et aventures de Maurice, de Mme Sand elle-même, et d’autres personnes encore. George Sand recueillait les tristes fruits de sa cachotterie. Si elle avait franchement et carrément raconté à Chopin la brusque apparition de Clésinger à la Châtre, les accordailles et le projet d’enlever Solange, si, même le mariage accompli, elle était allée à Paris, eût tout conté à Chopin, lui eût parlé seul à seul, il est peu probable que les insinuations haineuses de Solange eussent atteint leur but. Le mal était maintenant irréparable, la rupture définitive.

Nous raconterons tout à l’heure la dernière entrevue de Mme Sand et de Chopin, les derniers échos de leurs relations brisées : des nouvelles réciproques reçues par des tiers, par des lettres d’amis. À présent, citons encore des fragments de deux lettres inédites et de deux lettres imprimées de Mme Sand

    avoir narré quelque histoire concernant sa mère ou après s’être plainte d’elle, s’empressait d’ajouter : « J’embrasse Mlle de Rozières ; dites-lui tout cela… Solange savait fort bien à quel télégraphe perfectionné elle avait affaire en la personne de son ex-maîtresse de musique.