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dire aux causes de la catastrophe qui éclata à Nohant en juin 1847, ladite Solange s’efforça de les cacher, ou de les travestir aux yeux de Chopin.

Voici ce qui arriva. Nous avons dit que Maurice était allé en Hollande. Il y alla avec un camarade, Théodore Rousseau. Au moment où Solange nageait en pleine lune de miel et que Mme Sand soignait son pied meurtri, Rousseau vint passer quelques jours à Nohant. À Paris déjà, il avait fait la cour à la jolie Augustine. Il paraît qu’à Nohant, son inclination pour cette jeune personne se précisa définitivement et il la demanda en mariage.

Le 7 juin, moins de trois semaines après la noce de Solange, Mme Sand annonce à sa sœur Mme Caroline Cazamajou que ce mariage-là est encore décidé et qu’Augustine est la fiancée de Rousseau. Elle confesse qu’elle avait espéré marier un jour Augustine à Maurice, mais que ces deux enfants qui se connaissaient dès leur plus jeune âge, n’avaient l’un pour l’autre que des sentiments fraternels.

Ce fut en ces jours d’accalmie à Nohant, après la noce de Solange, la guéris on de Chopin et à la veille du mariage d’Augustine que Mme Sand écrivit à Mme Louise Jedrzeiewicz la lettre que voici, publiée par M. Karlowicz, sans indication de date, mais qui se rapporte sûrement aux derniers jours de mai ou aux premiers jours de juin 1847, lorsque le premier mariage avait déjà eu lieu, où le second était décidé et où Solange était encore à Nohant :

Je n’ai ni papier, ni plume, ni temps. Je ne sais où donner de la tête, tant j’ai de choses à faire, car je marie une fille adoptive la semaine prochaine, et je suis à peine hors des affaires et des embarras du dernier mariage. Mais je vous aime et je veux vous remercier de tout ce que vous me dites de bon, de tendre et d’excellent. Chère amie, j’espère que tout sera bien. J’y fais de mon mieux. Chop[in] va assez bien. Il a appris la douloureuse nouvelle que je savais déjà de la mort de W…[1]. Adieu, ma bien-aimée Louise. Mes tendresses aux vôtres. Mon cœur à vous. Solange vous embrasse et vous aime…

  1. Celle du poète Etienne Witwicki, ami d’adolescence et de jeunesse de Chopin, mort en 1847.