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que George Sand aurait — on ne sait trop pourquoi — témoignées à Solange, après son mariage, et que Chopin prit justement à cœur la triste position de la jeune femme abandonnée par sa mère. Certains supposent encore que la raison principale des différends entre Solange et sa mère fut le désordre pécuniaire de Clésinger, ses dettes, la prompte dilapidation de la fortune de sa femme, les craintes de la mère pour l’avenir de sa fille et aussi la crainte de dettes ignorées : bref ils mirent en avant la question d’argent. Cette dernière opinion parut confirmée par la publication des lettres de Solange à Chopin, lettres dans lesquelles Mme Clésinger présentait les choses de manière à faire croire que sa mère les avait abandonnés, elle et son mari, au milieu des plus horribles difficultés, les laissa en proie à ses propres créanciers, ne se souciant nullement de leur position pécuniaire. Toutes ces plaintes, en désaccord complet avec la réalité, ont déjà été réfutées d’une manière fort probante par M. Rocheblave, d’après des lettres et des données que lui communiqua M. Henry Harrisse ; ce dernier ayant participé comme avocat à la liquidation de l’héritage de Mme Sand, sut le chiffre de la dot de Solange, lors de son mariage[1]. Enfin d’autres encore, et Chopin lui-même, qui ne sut que par Solange ce qui se passa à Nohant, en l’été 1847, donc qui ne sut jamais la vérité, soupçonnèrent George Sand du désir « d’éloigner » sa fille, de se défaire d’elle, afin de cacher une nouvelle histoire amoureuse ; Chopin crut que c’était cette raison qui avait fait éloigner Solange et lui de Nohant. Or, nous savons que Chopin partit dès l’automne de 1846 et qu’en 1847, il n’y revint pas. Quant au pourquoi de l’éloignement de Solange, c’est-à--

  1. Solange avait reçu par contrat de mariage ce même hôtel de Narbonne représentant une partie de la dot maternelle, qui avait été d’abord, pendant le procès avec M. Dudevant, cédé à ce dernier par Mme Sand, puis racheté, et dont le prix s’élevait à 100 000 francs. Il rapportait jusqu’à 8 500 francs de loyer, mais Solange devait payer l’intérêt des hypothèques, de sorte que la maison lui rapportait à peu près 5 500 francs de rente. Mais d’emblée, les époux Clésinger avaient négligé de payer lesdits intérêts et dix-huit mois plus tard l’hôtel, tombé entre les mains des créanciers, fut vendu aux enchères malgré toutes les démarches de George Sand, dont nous donnerons les preuves.