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Il semble que ce mariage du moins aurait dû tranquilliser Mme Sand. Loin de là ! Il ne fut que le prologue d’une série d’événements, tragiques, repoussants par leur brutalité, leur insigne trivialité : ils creusèrent pour toujours un abîme entre la mère et la fille.

Nous raconterons à présent des faits et des événements absolument ignorés des biographes et comblerons la lacune qui, après le récit du mariage de Solange, existe chez les narrateurs les mieux renseignés des relations entre Chopin et George Sand, George Sand et Solange. Grâce à cette lacune, on ne comprenait pas pourquoi les rapports de Mme Sand et de sa fille s’envenimèrent soudain au point de se changer en animosité complète, presque en haine, au point d’amener une rupture irrévocable entre Mme Sand, Solange et Clésinger, au point que Mme Sand chassa ce dernier de Nohant, déclarant à sa fille, à peine mariée, qu’elle ne pouvait y retourner que « séparée de son mari », au point enfin d’exiger de Chopin, s’il voulait jamais revenir chez elle, la promesse formelle de ne recevoir chez lui ni Solange, ni Clésinger, etc., etc. L’ignorance des faits réels fut une pierre d’achoppement pour tous ceux qui écrivirent sur la liaison de Chopin et de George Sand. Le peu qui avait transpiré et se colportait dans la presse, on le rattachait à la rupture entre eux. De là une série interminable de légendes, de suppositions fantastiques, de calomnies contre George Sand d’une part, ou de vagues essais d’expliquer sa conduite par différentes considérations abstraites, ou encore de sincères aveux que « toute cette histoire était obscure et incompréhensible ».

Cette ignorance des faits réels fit déclarer à certains biographes de Chopin que George Sand « avait depuis longtemps voulu se défaire de son malade ordinaire, qu’elle se servit pour cela du premier prétexte venu, et que ce prétexte fut une dispute à propos du mariage de Solange ». D’autres assurèrent qu’afin de « se défaire » de Chopin, Mme Sand aurait « avec une astuce diabolique envoyé à Chopin Lucrezia Floriani, parce qu’il n’arrivait pas à comprendre qu’elle en avait assez de lui ». D’autres encore parlent de « l’inexplicable » froideur et de l’animosité