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agir comme je l’ai fait. Je ne peux pas faire de Chopin un chef et un conseil de famille, mes enfants ne l’accepteraient pas et la dignité de ma vie serait perdue…[1].

À cette même date du 8 mai, George Sand écrit encore une lettre pressée à Maurice en ajoutant quelques mots à Clésinger, puis elle écrit à Clésinger seul. On voit que ses inquiétudes et ses alarmes sont arrivées à leur suprême degré.

Puis il se fait une petite accalmie : Chopin va mieux, Mme Sand se tranquillise un peu. Elle écrit à Mlle de Rozières pour la remercier chaudement de son aide et de ses soins :

… Votre lettre me rend la vie, il en était temps. Ma tête se fend d’être aux prises avec tant de choses à la fois. Il m’écrit aussi un petit mot comme si de rien n’était, et je lui réponds de même. Grzym. m’a écrit aussi et me dit que vous êtes un ange pour Chopin. J’irai à Paris avec Sol. et son mari…[2].

Voici ce « petit mot » de Chopin :

Vous dirai-je combien votre bonne lettre que je viens de recevoir m’a fait plaisir et combien les excellents détails touchant tout ce qui vous occupe maintenant m’ont intéressé. Personne plus que moi parmi vos amis, vous le savez bien, ne fait de vœux plus sincères pour le bonheur de votre enfant. Aussi, dites-le-lui de ma part, je vous prie. Je suis déjà bien. Dieu vous soutienne toujours dans votre force et votre activité. Soyez tranquille et heureuse.

Votre tout dévoué. Ch…
Samedi[3].


Toutefois dans la lettre à Grzymala datée du 12 mai, c’est-à-dire écrite trois ou quatre jours avant la dernière lettre à Mlle de Rozières, nous entendons d’autres sons, et si Mme Sand semble un peu calmée sur le compte de la santé de Chopin, elle paraît être parfaitement consciente de la rupture morale accomplie entre eux et de la nécessité de recourir à un tiers pour expliquer à

  1. Inédite.
  2. Inédite.
  3. Ce devait être samedi le 15 mai 1847. (Inédite.)