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venances de ce « cuirassier-sculpteur ». Une très célèbre artiste assurait même que ce dernier nom lui allait bien moins que celui de marbrier, c’est ainsi que l’appela plus tard George Sand, tandis que son mari, M. Dudevant, le qualifiait de tailleur de pierres. Mais il arriva, comme toujours, ce à quoi on pouvait le moins s’attendre. Solange rompit avec l’élégant et charmant M. Fernand des Préaulx, ce « parfait gentilhomme », qui convenait tant à ses goûts aristocratiques, et prit pour mari le « sculpteur enragé » et désordonné, qui ne pouvait écrire correctement deux lignes. Bien plus, elle faillit commettre une sottise irrémédiable !

Nous avons déjà fait allusion à un roman ultérieur de George Sand, Mademoiselle Merquem, où l’auteur peint la manière de Solange de traiter son premier fiancé, en racontant l’histoire des relations entre Erneste du Blossay et le gentillâtre campagnard de La Thoronay. Nous avons dit également que George Sand y esquissa le naturel froid et bizarre de Solange, toujours portée à faire n’importe quoi par esprit de contradiction, pour vexer les autres, fantasque, prosaïque et pratique fille du siècle, — c’est ainsi que la mère d’Erneste, navrée de la sécheresse de son cœur, appelle son indomptable enfant dans le roman de Mademoiselle Merquem. Nous devons, à présent, citer une page de ce roman qui nous montrera les craintes de Mme Sand en avril et mai 1847 :

« … Erneste… nous cache quelque chose : tâche donc de l’observer… », me dit Mme du Blossay. C’était mon devoir, j’observai. La petite rusée semblait se plaire beaucoup à la Canielle (lisez : à Nohant), malgré le calme et le silence… Elle s’y montrait charmante, attentive, doucement enjouée, studieuse même, contrairement à ses habitudes, et particulièrement éprise du vieux parc, où elle passait des heures à lire dans le chalet. Le soir, dans les brumes tièdes d’octobre, elle s’enveloppait de sa mantille et se plaisait à courir comme une ombre légère, du parterre qui environnait la maison au donjon qui dominait la falaise. (Lisez : au pavillon qui se trouve dans le parc à Nohant et domine la route.) Elle revenait vite sur ses pas, nous parlait en riant par la fenêtre du salon (le salon de Nohant est au rez-de-chaussée et ses fenêtres donnent sur la terrasse), et retournait faire ce qu’elle appe-