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Mme Sand ajoute que le 8 mai, elle partira pour Guillery, pour conclure le mariage de Solange chez M. Dudevant (maire de la commune de Nérac), mais qu’on reviendra à Nohant pour célébrer le mariage religieux[1].

Le 18 avril, Mme Sand annonce le fait à Charles Poncy, tout en assurant — nous ne savons pas trop pourquoi — que « c’est un secret grave que Maurice lui-même ne sait pas ». Elle ne parle pas à Poncy du voyage à Nérac, mais au contraire d’un départ pour Paris.

… En six semaines elle a rompu un amour qu’elle éprouvait à peine, elle en a accepté un autre qu’elle subit ardemment. Elle se mariait avec celui-ci, elle le chasse et épouse celui-là. C’est bizarre, c’est hardi surtout, mais enfin c’est son droit et le destin lui sourit. À un mariage modeste et doux elle substitue un mariage brillant et brûlant[2]. Elle domine tout et m’emmène à Paris à la fin d’avril… Le travail et l’émotion prennent tous mes jours et toutes mes nuits… Il faut que ce mariage se fasse impétueusement, comme par surprise. Aussi est-ce un secret grave que je vous confie et que Maurice lui-même ne sait pas (il est en Hollande)[3].

Ne « disant pas un mot » sur ce qui se passait à Chopin, Mme Sand le prévient toutefois de son prochain retour à Paris, peut-être ne fût-ce que pour prévenir son arrivée à Nohant. D’une manière ou d’une autre, Chopin les attendait à Paris, comme on le voit par sa lettre précitée du 19 avril et les deux billets inédits et non datés que voici :

Maurice est parti hier matin bien portant et par une belle journée. Votre lettre m’est arrivée après son départ. J’espère encore de vous une lettre qui fixera le jour de votre arrivée, afin de faire du feu dans vos

  1. Inédite.
  2. Dans la lettre du 20 juin 1847, de Mme Viardot, déjà mentionnée nous lisons : « Je félicite Solange d’avoir choisi le beau diable que vous dépeignez si bien, plutôt que l’ange dont la bonne nullité vous aurait bientôt tous ennuyés et endormis moralement, Solange surtout, et alors, gaie au réveil ! Tout pour le mieux… » Le réveil arriva quand même, tout diable que fût Clésinger ! Mais n’anticipons pas.
  3. Ce passage fut déjà publié par M. Rocheblave dans son article cité dans la Revue des Deux Mondes (mars 1905, p. 181).