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débuts de la troupe de Nohant, fut dédié à W. G. Macready, le célèbre tragédien et écrivain anglais [1]. La dédicace est datée du 30 avril 1847. Mais en ce mois printanier les questions d’art théâtral et les allègres passe-temps avaient été depuis longtemps relégués au second plan, à Nohant, et Mme Sand, tout comme les jeunes émules de Melpomène, était à ce moment occupée par des questions bien autrement sérieuses.

Pour les apprécier, revenons un peu en arrière, aux premiers mois de l’hiver de cette année. Cet hiver-là, par suite d’une mauvaise récolte, une horrible misère régnait dans les provinces du Centre : Mme Sand, toujours prête à secourir largement, travailla avec une ardeur redoublée pour venir au secours des indigents de la campagne. Mais la brave et intrépide travailleuse ne se laissait pas intimider par ce surcroît de besogne. « Enfin Dieu m’aidera, et un nouveau roman comblera le déficit », voici la conclusion qui termine le récit, fait par elle, de maux innombrables, dans sa lettre inédite à Poncy, du 7 janvier 1847.

Dans cette même lettre, elle parle des représentations improvisées à Nohant et aussi du mariage projeté de Solange avec M. des Préaulx, « le grand et beau cavalier », dont la jeune fille parait « très éprise », et qui de son côté « ne respire que par elle ».

Il fallut donc songer au trousseau, au règlement de certaines affaires pécuniaires ainsi qu’au contrat, et dans ce but aller à Paris. Chopin les attendait dès les derniers jours de janvier, mais on voit par les lettres inédites de Mme Sand que, le 3 février, il y eut encore une « représentation grandiose » au théâtre de Nohant : on ne partit que le 4 ou le 5. La famille Sand passa à Paris deux mois, du commencement de février au commencement d’avril. Mais ce séjour eut des résultats absolument inattendus et contraires à la conclusion du mariage avec M. des Préaulx. On présenta à Mme Sand et à sa fille le sculpteur Clésinger[2], qui un an plus tôt avait adressé à la

  1. Naquit à Londres en 1793, mourut en 1873.
  2. Auguste-Jean-Baptiste Clésinger, né en 1814, mort en 1883, commença