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Le 20 septembre, Mme Sand annonce à la même correspondante qu’elle et sa famille sont rentrés, il y a deux jours, de ce petit voyage, mais on repart pour un autre, ce qui fait qu’elle ne termine cette lettre que douze jours plus tard. Et c’est alors qu’elle parle pour la première fois d’un projet de mariage pour Solange, « quant à Chopin, dit-elle, sa santé est bien meilleure, cette année-ci, ses nerfs se sont calmés, bien sûr qu’il a doublé le cap, ce qui fait que son caractère est aussi devenu meilleur et plus égal ».

Quelques jours plus tard, au commencement d’octobre, Mme Sand communique à son frère, M. Chatiron, le nom du fiancé présomptif de Solange : c’est M. Fernand des Préaulx.

Le 3 novembre, elle écrit à Mlle de Rozières que le mariage est sur le tapis[1], et elle ajoute que, quant à Chopin, « il tousse, comme de rigueur, un peu plus en automne, mais que surtout c’est la campagne qui l’ennuie comme toujours au bout d’un certain temps[2] ».

Le 11 novembre Chopin est déjà à Paris, et, presque immédiatement, Mme Sand annonce à Mme Marliani que le mariage s’arrange définitivement, qu’il n’y a que quelques difficultés pécuniaires à aplanir, et aussitôt après elle lui apprend que Chopin a été malade à son arrivée à Paris, mais le lui avait caché, que néanmoins elle croit qu’il lui survivra, parce qu’elle ne veut pas traîner longtemps. Et elle donne les raisons de sa lassitude de vivre :

Vous savez bien que dans mon intérieur aussi il y a des couleuvres de longueur à avaler. Je me suis habituée à aimer les gens quand même, sans espoir et sans tentative de les changer. Il faut bien se faire un caractère de toile cirée sur laquelle le monde extérieur coule tant qu’il

  1. Les détails que Mme Sand donne dans cette lettre sur la manière dont Solange traite son adorateur, sur son caractère altier, capricieux, porté à l’esprit de contradiction, mi-fantasque, mi-pratique et sachant escompter tous les bénéfices de sa position, se retrouvent presque textuellement transcrits dans l’exposition du caractère de Mlle Erneste du Blossay, la petite cousine du héros du roman de Mlle Merquem, ainsi que dans le récit de ses premières fiançailles avec le jeune hobereau de la Thoronay (quoique ce roman ait été écrit par Mme Sand vingt-deux ans plus tard).
  2. Ces trois lettres sont inédites.