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Sand avait de longue date préparé ses amis à voir Chopin rentrer seul à Paris. Nous sentirons qu’il y eut d’autres raisons que la maladie de Solange ou les leçons de Chopin, des raisons cachées, non officielles, qui empêchèrent Mme Sand de cuivre son ami en ville, que la « décision des enfants à passer l’hiver à la campagne » annoncée le 7 janvier par Mme Sand à Charles Poncy comme quelque chose de soudain et de subit, avait été prise par elle depuis bien longtemps, quoiqu’elle se soit tue là-dessus, et enfin qu’un changement s’était opéré dans son esprit justement durant cet été de 1846.

Le 21 août, Mme Sand écrit à Poncy que Chopin « compose des chefs-d’œuvre », elle ajoute que, pour sa part, elle se repose parce qu’il est impossible de travailler quand l’anxiété vous suce l’esprit[1].

Le 24 août, elle lui dit que Solange est malade, que les médecins conseillent le déplacement et que bientôt on va partir pour un petit voyage aux bords de la Creuse[2].

Le 1er septembre, elle écrit à Mme Marliani qu’elle ne profitera point de son aimable hospitalité et ne viendra pas consulter pour Solange les médecins de Paris, parce qu’elle n’a pas plus de confiance en eux qu’en Papet, et parce que Solange n’est pas en état de supporter un long voyage et ne peut aller qu’à petites étapes.

À la fin de cette lettre, Mme Sand ajoute :

… Moi, je n’ose pas vous répondre de l’emploi de mon mois de septembre. Je suis tourmentée et je suis décidée à tout essayer pour que ce triste état de Solange ne s’installe pas chez elle pour tout l’hiver. Vous êtes mille fois bonne de m’offrir un gîte. Nous avons toujours notre appartement du square Saint-Lazare et rien ne nous empêcherait d’y aller. Mais Papet ne me conseille pas du tout les longues étapes pour Solange ; au contraire, elles irritent beaucoup notre malade. Nous la promenons une lieue à cheval, une lieue en voiture ; puis on se repose, on reprend et toujours ainsi. Je tâche de l’égayer ; mais je ne suis pas gaie au fond[3].

  1. Inédite.
  2. Inédite.
  3. C’est la seule lettre imprimée dans la Correspondance, entre mai 1846 et mai 1847.