Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/563

Cette page n’a pas encore été corrigée

durèrent encore près d’un an. Mais c’est au commencement de l’été de 1846 qu’il fut décidé que Chopin ne se mêlerait plus des affaires de la famille, qu’il partirait seul pour Paris, tandis que Mme Sand et ses enfants passeraient l’hiver à Nohant. Bref, l’existence commencée en 1838 prit fin en 1846, la huitième année de leur liaison, comme George Sand le dit en toute justesse. C’est ce changement brusque du statu quo qui explique le refus de Chopin d’accompagner la jeunesse dans ses excursions, sa claustration volontaire de plus en plus fréquente et le changement du ton dans ses lettres à ses parents, cette liberté de jugement et de blâme sur les affaires et les personnes de Nohant qui s’y laisse subitement voir. Nous donnons plus loin les lettres de Chopin à Mme Sand écrites en l’hiver de 1846-47 ; elles sont amicales comme par le passé, pleines de gentillesse et de sollicitude pour toute la famille de Nohant, parfois elles sont même gaies. Mais le bonheur, l’harmonie intime ont disparu ; la méfiance réciproque, la condamnation mutuelle à propos de beaucoup de choses, l’amertume respective les remplacent ; mais surtout et avant tout Chopin et George Sand se jugent l’un l’autre avec cette liberté qui ne peut jamais exister quand on s’aime d’amour et qui se fait si clairement voir dans Lucrezia Floriani, George Sand a beau le nier ! Un prétexte plus ou moins sérieux suffisait pour amener une rupture définitive. Ceci arriva quelques mois plus tard, au printemps de 1847.

Durant l’automne 1846, Chopin partit pour Paris, prétextant ses leçons ; la famille Sand resta à Nohant, mais il n’y revint jamais plus, et il faut noter ceci, vu les nombreuses légendes, les récits et les prétendus extraits du journal intime, d’après lesquels il aurait été à Nohant en juin ou mai 1847. Nous avons et nous donnons plus loin des preuves qui ne laissent pas même l’ombre d’un doute sur ce fait irrécusable : Chopin quitta Nohant en novembre 1846 et n’y revint plus. D’autre part en lisant attentivement les lettres de Mme Sand écrites pendant l’été, l’automne et l’hiver de 1846-1847 et en les confrontant aussi avec le passage de l’Histoire de ma vie qui n’est rattaché à aucune date précise, nous éprouverons l’impression que George