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fiancé présomptif, suivant de près la querelle entre Chopin et Maurice, décida Mme Sand à y rester avec sa famille, en laissant partir Chopin seul pour Paris ; on montrait ainsi qu’il ne passait l’été au château que comme un simple ami de la maison. Toutes les familles tiennent aux apparences d’une irréprochable correction au moment de marier leurs filles. Que Mme Sand se soit soumise à ces traditions, cela nous étonne certes, mais ce qui nous étonne bien plus, c’est qu’après avoir souffert cruellement d’avoir contracté un mariage non d’amour, mais de raison, poussée par des considérations pratiques et prosaïques de son entourage, voulant lui « faire faire un bon parti », George Sand, l’apôtre de l’amour et du mariage idéal, ait agi, en cette, occurrence, comme la plus ordinaire de ces « mamans » bourgeoises qui veulent faire un « sort » à leur progéniture. Bref, on fit cas de Victor de Laprade, mais les fiançailles n’eurent pas lieu : la famille s’empressa de rappeler le jeune homme à Lyon.

Alors apparut un troisième prétendant. Cette fois, ce fut un hobereau berrichon, ayant quartiers et blason, M. Fernand des Préaulx. Non seulement Solange accepta ses prévenances avec bonne grâce, mais elle fit montre de sentiments bien plus tendres.

Ayant exposé ces faits, citons à présent les lettres inédites de ces été, automne et hiver 1846, que nous avons mentionnées :


À madame Louise Jedrzeiewicz.
Nohant, 1846 (probablement juillet).
Chère bonne amie,

Nous attendons et nous espérons que Laure[1] viendra passer quelques jours avec nous. J’en suis heureuse pour Frédéric, qui a tant d’amitié pour elle et qui parlera tant de vous ! Le temps est superbe, la campagne magnifique et notre cher enfant va se porter, j’espère, aussi bien que les miens sous l’influence de la vie paisible et du beau, soleil. Nous pensons à vous à chaque pas que nous faisons dans toutes

  1. V. plus haut, p. 501 et 538.