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lant. Enfin il aurait voulu, pour compléter la somme de ses exigences fantastiques, que sans cesser d’être la bonne, la tendre, la dévouée, la voluptueuse et la maternelle Lucrezia, elle fût la pâle, l’innocente, la sévère et la virginale Lucie. Il n’eût demandé que cela, ce pauvre amant de l’impossible…

12° Il ne faut point voir Chopin dans la personne du prince’ Karol, nous dit-on, mais nous lisons dans la lettre de Mme Sand à Maurice, datée du 3 mai 1846, « qu’à ce moment, c’est le capitaine d’Arpentigny qui est sa bête noire… » tout comme antérieurement nous avons constaté maintes fois sa répulsion pour tels autres amis de Mme Sand. Rappelons-nous la lettre de Mlle de Rozières à propos des personnes qui « peuplaient la maison avant le règne de Chopin » et de son courroux contre ces personnes. Voici maintenant ce que nous lisons dans la Lucrezia Floriani :

Les anciens amis accoururent ; il y en eut de toutes sortes… Aucun ne causa le plus léger motif de jalousie à Karol ; tous fuient l’objet de sa mortelle jalousie et de son irréconciliable aversion. La Floriani combattit avec bravoure, pour préserver la dignité de ceux qui méritaient des égards. Elle en abandonna, en riant, quelques-uns à la férule de Karol et se préserva du plus grand nombre. Elle ne voulut pourtant pas être lâche et chasser pour lui complaire des êtres malheureux et dignes d’intérêt et de pitié. Il lui en fit des crimes irrémissibles…

13° Dans l’une de ses lettres, la demoiselle de Rozières raconte, comme nous l’avons vu, de quels soins Chopin entourait Mme Sand lorsqu’elle était malade.

Nous avons vu aussi Chopin écrire à Mme Sand : « Ne souffrez pas, ne souffrez pas. » Il s’efforce de la préserver d’un voyage par un temps froid, craint qu’elle ne reste toute seule à Nohant, privée des soins de sa fille, enfin il se tourmente de mille manières à propos de sa santé, de son bien-être, de son confort, de son repos. Et dans Lucrezia nous lisons :

Si par hasard la Floriani, accablée de fatigue et de chagrin, ne parvenait point à cacher ce qu’elle souffrait, Karol, rendu tout à coup à sa tendresse pour elle, oubliait sa mauvaise humeur et s’inquiétait avec