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cités par son biographe, que George Sand était très musicienne, qu’elle entendait profondément la musique et que c’est pour cela que Liszt, tout comme Chopin, aimait à jouer devant elle ses compositions fraîchement écloses ou celles des génies d’antan.

Nous donnerons plus bas des preuves de ce profond entendement musical et du fin sens artistique que George Sand manifesta souvent à la première audition de telle ou telle autre œuvre nouvelle de Chopin. Nous signalerons aussi bon nombre de ses pages écrites durant les années passées dans l’atmosphère spirituelle de Chopin et qui reflètent les idées, les goûts et les théories esthétiques du grand musicien. Cela se rapporte surtout à Consuelo, ainsi qu’au Château des Désertes, où nous trouvons mainte page consacrée au Don Juan de Mozart.

Revenons maintenant à la rencontre des deux grands artistes, mais avant tout rétablissons la chronologie des événements pour ne pas suivre les biographes de Chopin dans les sables mouvants des légendes. Donc, ayant fait la connaissance de Chopin dans les tout derniers mois de 1836[1], George Sand se retira en janvier 1837 à Nohant, où elle resta jusqu’au 21-22 juillet[2], moment où elle fut précipitamment appelée à Paris auprès de sa mère mourante. Elle passa les mois d’août et de septembre à Paris et à Fontainebleau, courut à bride abattue à Nérac, où M. Dudevant avait conduit Solange après l’avoir enlevée à Nohant, fit une alerte promenade de quelques jours dans les Pyrénées, puis revint à Nohant, où elle resta de nouveau sans bouger jusqu’au mois d’avril 1838[3]. Au commencement de l’hiver 1837, au printemps et en été de cette année Mme d’Agoult et Liszt firent deux ou même trois séjours à Nohant qu’ils quittèrent après le départ précipité de leur hôtesse, le 22 juillet, et ils n’y revinrent plus jamais. Pendant le séjour de Mme d’Agoult à Nohant, George Sand avait

  1. Cf. George Sand, sa vie et ses œuvres, t. II, p. 348-350.
  2. Ibid., p. 427-428.
  3. Ibid., p. 430-433.