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sans dater son récit, racontant comme toujours les faits selon leur lien intérieur et logique, sans aucune allusion chronologique. Mais il nous est possible de rattacher ces remarques générales, ces vagues développements et ces morceaux d’histoire intime, qui se suivent dans sa biographie, à des faits exacts, des dates et des personnes, en les confrontant avec les lettres précitées de Chopin à ses parents, les lettres de George Sand à Mme Iedrzeiewicz et ses lettres inédites à d’autres personnes, ainsi qu’avec tout ce que nous savons par ce qui précède et enfin avec une œuvre de George Sand, ayant une valeur biographique. En confrontant tous ces documents le lecteur acquerra’ la certitude que la page de l’Histoire, que nous citons plus loin, se rapporte à des accidents arrivés en l’été de 1846. (Empressons-nous de dire que pour des raisons de narration nous sommes obligé d’intervertir l’ordre des trois passages de George Sand que nous donnons ici.)

Nohant lui était devenu antipathique, son retour, au printemps, l’enivrait encore quelques instants. Mais dès qu’il se mettait au travail, tout s’assombrissait autour de lui…

(Viennent les lignes se rapportant à la manière de travailler de Chopin que nous avons citées dans le chap. ii.)

J’avais eu longtemps l’influence de le faire consentir à se fier à ce premier jet de l’inspiration. Mais quand il n’était plus disposé à me croire, il me reprochait doucement de l’avoir gâté et de n’être pas assez sévère pour lui. J’essayais de le distraire, de le promener…

(Puis viennent les lignes qui se rapportent aux courses aux bords de la Creuse, citées dans le chapitre v.)

Mais il n’était pas toujours possible de le déterminer à quitter ce piano qui était bien plus souvent son tourment que sa joie, et peu à peu il témoigna de l’humeur quand je le dérangeais. Je n’osais pas insister. Chopin fâché était effrayant, et comme avec moi il se contenait toujours, il semblait près de suffoquer et de mourir.

Ma vie, toujours active et rieuse à la surface, était devenue intérieurement plus douloureuse que jamais. Je me désespérais de ne pouvoir donner aux autres ce bonheur auquel j’avais renoncé pour mon compte,