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ment et prenait toujours le parti de Solange, eût-elle absolument tort, contre elle et Mme Sand. Quant à Maurice, autant par sympathie pour sa cousine que par inimitié pour Chopin, se mettait immédiatement en guerre pour Augustine et contre Chopin. Ces dissensions de famille déplorables et compliquées ne faisaient que s’envenimer de jour en jour ; elles prirent enfin un caractère tragique et rendirent la vie intime intolérable. Les Brault osèrent, plus tard, incriminer la pureté des relations de Maurice et d’Augustine ; ils dirent et imprimèrent qu’il y eut entre eux un roman protégé par Mme Sand. Mais George Sand le nia catégoriquement déclarant qu’elle avait « effectivement rêvé, en voyant l’amitié de Maurice pour Augustine, de les marier un jour, mais que, malheureusement, ces deux enfants, tout en s’aimant fraternellement, n’étaient nullement amoureux l’un de l’autre : se connaissant depuis leur enfance, ils ne voyaient l’un dans l’autre que des compagnons de jeux », d’autant plus que Maurice nourrissait alors un amour sans espoir pour une grande artiste[1]. Malheureusement encore il y eut des personnes bien plus proches que les Brault qui s’efforcèrent de calomnier ces relations fraternelles : elles portèrent un coup mortel non à la réputation irréprochable d’Augustine, mais au cœur maternel de Mme Sand[2]. Ceci arriva plus tard. Durant l’été de 1846, des disputes, des querelles, des explications, des réconciliations se succédèrent sans trêve. Chacun avait les nerfs surexcités. C’est ainsi que Mme Sand se décida brusquement à se séparer de sa vieille femme de chambre Françoise, dont elle avait fêté la noce avec pompe trois ans plus tôt. Cette rupture soudaine parut inexplicable à Chopin : tout changement dans le personnel de la maison lui semblait, grâce à sa sensibilité aiguisée,

  1. Mme Sand raconte tout cela fort explicitement dans la lettre inédite à M. Chaix d’Estange déjà mentionnée et dans une lettre à Mme Brault elle-même, — lettre que le mari de cette dernière ne se fit pas scrupule d’imprimer, dans un but de chantage. La lettre est authentique et confirmée de tous points par plusieurs autres lettres inédites de Mme Sand, quoique publiée dans un libelle immonde. (V. plus loin.)
  2. Cf. les lettres de Mme Sand de l’été et de l’automne de 1847 à Charles Poncy, Mmes Viardot et Marliani, Grzymala, Emmanuel Arago, et d’autres et les extraits de leurs réponses que nous donnons plus loin.